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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin s'intéresse au placage très dangereux effectué par un rugbyman de Castres. Selon elle, le rugby français est trop laxiste face à ce phénomène et c’est mauvais pour son image, et bien sûr pour l’intégrité physique des joueurs.

On ne reverra pas Ryno Pieterse sur un terrain de rugby avant début 2022. Le joueur de Castres est suspendu 12 semaines après un plaquage très dangereux. Des gestes qui se multiplient. Pour Virginie Phulpin, le rugby français est trop laxiste face à ce phénomène et c’est mauvais pour son image, et bien sûr pour l’intégrité physique des joueurs. 

Les images du plaquage ultra-violent de Ryno Pieterse ont fait le tour du monde, et ont choqué à peu près partout. Le Castrais s’était projeté à pleine vitesse sur son adversaire bordelais Maxime Lucu sans aucun contrôle, l’épaule en avant, et ça faisait froid dans le dos. Il a pris le carton rouge le plus indiscutable de l’histoire. Alors le voir écoper de 12 semaines de suspension, franchement, ça n’est pas si cher payé. D’accord, c’est un jeune joueur, d’accord, il s’est platement excusé pour son geste, d’accord, sa victime va bien.

Mais au-delà du cas Ryno Pieterse, qui ne doit absolument pas être un bouc émissaire, on voit se multiplier les agressions caractérisées sur les terrains de rugby français ces dernières années.

Et à un moment il va falloir cesser de faire l’autruche et de trouver des circonstances atténuantes à chaque fois, pour sanctionner durement et enrayer cette volonté de détruire l’adversaire. Parce que c’est de ça dont il s’agit. On parle de joueurs professionnels, sur-entraînés, physiquement imposants. Ils doivent maîtriser leurs gestes sur un terrain, c’est une obligation professionnelle. Ça ne peut pas être la faute à pas de chance à chaque fois. Et qu’on n’évoque pas l’argument selon lequel après tout c’est du rugby, et qu’il peut y avoir des plaquages dangereux. Non. Il y a des limites, et on doit réapprendre à ne pas les dépasser. Le rugby est un sport de contact, certes. Mais personne ne doit aller sur un terrain en risquant d’y mourir. 

Le rugby professionnel a aussi un devoir d’exemplarité pour les amateurs.

Virginie Phulpin a parlé ce mercredi à Philippe Chauvin. Son fils Nicolas jouait au stade français, et il est mort en décembre 2018 des suites d’un double plaquage. Depuis, Philippe Chauvin lutte sans relâche pour qu’on ne voie plus ces gestes d’agression sur un terrain de rugby. Il veut entraîner une réflexion sur la dangerosité de ce sport, et amener les instances à agir. On lui a beaucoup promis au moment du drame, mais depuis il ne voit rien venir.

Et il insiste sur ce devoir d’exemplarité du rugby professionnel. Il a raison. Vous pouvez prendre toutes les postures morales que vous voulez, si les jeunes joueurs des clubs amateurs voient les pros commettre des agressions sur le terrain, ils vont les reproduire. Est-ce que des parents vont se dire "tiens, je vais inscrire mon enfant au rugby" dans ces conditions ? Pas certain.

Donc agir, punir sévèrement ceux qui fautent, c’est essentiel d’abord pour la santé des joueurs, mais c’est aussi bon pour le rugby en général, et pour son image. La France va organiser la coupe du monde 2023. Ça va être un moment exceptionnel. C’est aussi le moment de montrer l’exemple.