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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin veut dire merci et souligner le courage de Simone Biles. Selon elle, le fait qu’elle parle aujourd’hui va aussi servir toute la lutte contre les violences sexuelles dans le sport.

Ce mercredi matin, Virginie Phulpin veut dire merci et souligner le courage de Simone Biles. La gymnaste américaine s’est confiée au New York Magazine. Cet été, elle a dû renoncer à la plupart des épreuves des JO de Tokyo parce qu’elle a craqué mentalement, elle qui a été victime de violences sexuelles dans son enfance. Pour Virginie Phulpin, le fait qu’elle parle aujourd’hui va aussi servir toute la lutte contre les violences sexuelles dans le sport. 

"J’aurais dû abandonner bien avant Tokyo". Il y a des phrases comme ça qui sont comme des coups au coeur. Simone Biles, c’est la plus grande gymnaste de l’histoire. Et elle est arrivée aux JO avec l’ambition de gagner des médailles d’or, comme à chaque fois. Mais tout s’est enrayé dans sa tête, et elle ne pouvait plus coordonner ses gestes. Quand la santé mentale agit directement sur le corps. L’obsession des podiums a disparu, elle voulait juste rentrer chez elle.

Évidemment qu’on se demande aussi comment elle a pu tenir toutes ces années au plus haut niveau, comment elle est arrivée jusqu’à Tokyo, comment elle a encaissé l’innommable, elle qui fait partie des 250 gymnastes victimes de Larry Nascar, l’ancien médecin de l’équipe féminine américaine.

Aujourd’hui elle met des mots sur ses blessures et elle commence une lente reconstruction. Elle a tenu parce que la gym, c’est sa vie. Elle a tenu parce que quand elle voyait son agresseur à la télévision, elle ne pouvait pas le laisser lui voler son rêve et la détruire encore un peu plus. Mais à Tokyo Simone Biles a craqué. Son exemple emblématique montre aussi ce que disent de nombreuses victimes de violences sexuelles. On peut enfouir cette douleur pendant des années, mais un jour elle remonte violemment. La voir se livrer comme dans le New York Magazine, oui, c’est extrêmement courageux. Ça va l’aider elle bien sûr, mais aussi beaucoup d’autres. 

En France, la parole se libère aussi pour les victimes de violences sexuelles dans le sport.

Il faut vraiment souligner les efforts qui ont été faits au ministère des sports pour aider les victimes à parler, avec notamment un numéro de téléphone dédié. Roxana Maracineanu a dit que 533 cas de violences sexuelles étaient en ce moment en cours de traitement au ministère. Ce n’est plus un sujet qu’on cache, et c’est important de le dire. Il y a aussi beaucoup d’initiatives locales, dans les clubs de sport.

L’association Colosse aux pieds d’argile fait le tour de France des clubs pour témoigner et recueillir les paroles des enfants. On peut aussi prendre l’exemple de l’escrime française qui s’impose comme un véritable outil de reconstruction mentale. C’est à dire qu’il y a des ateliers où les victimes portent l’assaut face à un maître d’armes qui représente symboliquement l’agresseur. Et ça marche vraiment.

Donc à plusieurs niveaux, on a pris la mesure du problème. Et les paroles de Simone Biles ne peuvent qu’aider les autres victimes. C’est aussi pour ça qu’on doit lui dire merci aujourd’hui.