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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce mercredi, Virginie Phulpin revient sur la mise à l'écart de Sarah Abitbol, un an après avoir brisé le silence autour les abus sexuels qu'elle a subit de la part d'un entraineur.

Ça fait presqu’un an que la patineuse Sarah Abitbol a témoigné des abus sexuels qu’elle a subis de la part d’un entraîneur. Il y a eu une onde de choc, mais aujourd’hui elle est seule. Pour Virginie Phulpin, c’est insupportable.    

Sarah Abitbol est seule. Seule face à tous ces ronds de cuir de la fédération des sports de glace qui n’ont pas supporté qu’elle brise le silence. Certains ne lui pardonnent pas d’avoir parlé en place publique des agressions sexuelles dont elle a été victime quand elle était patineuse. Et ils n’hésitent pas à passer quelques petits coups de fil mal intentionnés pour qu’elle ne puisse participer à aucun gala en France. Sarah Abitbol vit aux Etats-Unis aujourd’hui, mais son rêve, c’est d’entraîner ici. Et on lui brise encore un rêve.

La double peine parce que tout un tas de gens restent fidèles aux principes et aux amitiés de dirigeants aujourd’hui partis mais dont le sombre héritage colle aux patins. Ils voient Sarah Abitbol comme une menace. C’est le monde à l’envers. Oui, elle a fait tomber le château de cartes. Heureusement, il avait des fondations pourries, votre château.

La menace, ça n’est pas elle, mais ceux qui ont commis des agressions, ceux qui n’ont rien voulu voir, et ceux qui ostracisent la patineuse aujourd’hui. Les lanceurs d’alerte ne mettent pas leur sport en danger, ils lui redonnent des lettres de noblesse. Il va falloir se le mettre dans la tête. Pour sauver ce qui reste des fameuses valeurs du sport.  

Depuis le témoignage de Sarah Abitbol, il y a quand même eu des avancées 

Evidemment. Il y a eu une vraie prise de conscience de ce que pouvaient être les violences dans le sport. Et par effet domino, après le témoignage de Sarah Abitbol, il y a eu de nombreuses prises de parole, dans tous les sports, de l’équitation au judo en passant par l’athlétisme, partout. On s’est rendu compte de l’ampleur du problème, et on a enfin écouté les victimes.

Roxana Maracineanu, la ministre des sports, a fait sien ce dossier si épineux. Et c’est la première fois en France qu’il est devenu une vraie priorité nationale. Une cellule spéciale a été mise en place au ministère, et ça fonctionne, les victimes appellent, l’information remonte beaucoup plus facilement, et c’est déjà un grand pas en avant. Et puis la ministre, à l’époque, n’a rien laissé passer à la fédération française des sports de glace. C’est elle qui a obtenu de haute lutte la démission du président Didier Gailhaguet. De nouvelles élections ont eu lieu, Nathalie Péchalat a pris les rênes de la fédé, et il y a eu un formidable élan d’espoir.

Oui, les choses ont bougé, c’est indéniable. Mais quand on voit ce que vit Sarah Abitbol aujourd’hui, on ne peut pas encore dire que "rien ne sera plus jamais comme avant". Elle a eu le courage de parler. Notre devoir à tous, aujourd’hui, c’est de la soutenir et de dénoncer encore et toujours ceux qui la mettent de côté.