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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce vendredi, Virginie Phulpin revient sur la rupture de contrat avec Huawei décidée par d'Antoine Griezmann en soutien aux Ouïghours. Selon elle, le joueur français devient un exemple. Après son engagement contre le racisme, elle constate qu'il est désormais de tous les combats.

Antoine Griezmann a rompu son partenariat avec la marque chinoise Huawei, soupçonnée de participer à la répression des Ouïghours. Pour Virginie Phulpin, c’est une nouvelle preuve que les sportifs n’hésitent plus à s’engager, mais ça peut facilement se retourner contre eux.  

On dit les Bleus ou les Casques bleus ? On ne les reconnaît plus, là, nos footballeurs. Ils sont passés dans une autre dimension. Antoine Griezmann a donc annoncé ce jeudi qu’il rompait son partenariat avec Huawei. La marque chinoise de téléphonie est soupçonnée de surveiller la minorité musulmane ouïghoure.

Comment ne pas se féliciter de la décision du joueur ? On accuse souvent les footballeurs de s’engager pour pas cher, juste pour se donner une bonne image. Mais là, ça lui coûte de l’argent à Antoine Griezmann, de faire passer les droits humains avant ses contrats fructueux. Qu’on ne l’accuse pas non plus de surfer sur la vague du moment pour faire parler de lui. Il ne vient pas de se découvrir une conscience politique, il ne s’est pas dit en regardant PSG Basaksehir qu’il devait trouver le moyen qu’on ne l’oublie pas. Il est au contraire de tous les combats.

Il a fait la Une du magazine Têtu pour lutter contre l’homophobie, il a soutenu les footballeuses espagnoles qui demandaient les mêmes droits que leurs collègues masculins, il était dans la vidéo de la fédé pour rendre hommage à Samuel Paty, il a eu mal à sa France après les violences policières contre le producteur de musique.

Bref, en matière d’engagement, Antoine Griezmann n’a de leçon à recevoir de personne, et là il va encore plus loin. Tant mieux.  

Ça peut aussi se retourner contre lui.

En fait, les footballeurs sont en train de découvrir le pouvoir qu’ils ont en tant que citoyens, et ils découvrent aussi l’envers du décor. Jusque-là, on ne les entendait quasiment jamais sur les sujets de société. Maintenant ils sont descendus de leur tour d’ivoire, et ils sont rentrés dans l’arène, scrutés par tout le monde. Forcément, ils vont prendre des coups. Ils en prennent déjà d’ailleurs.

Antoine Griezmann a été vivement critiqué sur les réseaux sociaux notamment par des syndicats policiers. Maintenant on va lui demander pourquoi il a choisi la cause ouïghoure. Et pourquoi il ne se préoccupe pas des conditions de travail des ouvriers chez Puma, son équipementier personnel, ou chez Nike, l’équipementier du FC Barcelone et des Bleus. Ces questions, elles sont légitimes, il s’engage donc on attend aussi une explication de texte. Parce que c’est un personnage public. Et parce qu’il est un des premiers footballeurs à joindre le geste à la parole. On n’a pas encore l’habitude, donc Antoine Griezmann va essuyer les plâtres. Virginie Phulpin est persuadée qu’il en a conscience. Il s’engage quand même. Et c’est encore plus convaincant.