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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce lundi, Virginie Phulpin revient sur la victoire de Rafael Nadal à l’Open d’Australie, faisant de lui le joueur le plus joueur le plus titré de l’histoire du tennis en Grand Chelem.

Rafael Nadal au sommet du tennis mondial. L’Espagnol a remporté l’Open d’Australie. Vainqueur de Daniil Medvedev en 5 sets en finale. C’est son 21ème titre du grand chelem, un de plus que Roger Federer et Novak Djokovic. Est-ce que Nadal est le plus grand joueur de l’histoire ? 

On pourrait regarder froidement les chiffres et dire simplement oui. C’est le premier à atteindre les 21 titres majeurs, donc c’est le plus grand. Mais Novak Djokovic peut très bien repasser devant d’ici la fin de l’année. Donc les comptes, on les fera à la fin de la carrière des trois géants, pas avant. Et puis l’approche comptable, c’est l’inverse de ce que représente Rafael Nadal. La trace qu’il est en train de laisser dans le tennis n’a pas grand-chose à voir avec les chiffres, et tout avec l’humain et le surhumain. Avant de convoquer l’Histoire avec un grand H, apprécions déjà son histoire à lui.

Cet automne il était plâtré, en béquilles, pas sûr de pouvoir rejouer un jour au tennis. Il a fait le dos rond, travaillé comme un acharné, comme toujours, et il a tenté sa chance, avec ses ressources mentales incomparables. Et il ressort vainqueur de cet Open d’Australie. L’année de ses 36 ans, avec sa tonsure qui remplace petit à petit la longue chevelure brune des débuts. Avec cet cet amour de son sport inaltéré depuis 2005. La finale dantesque d’hier et son scénario improbable colle parfaitement à la personnalité de Rafael Nadal. Mené 2 sets à 0 par Daniil Medvedev, trois balles de break contre lui, il était au bord du gouffre. Pour 99,9 % des joueurs, le match aurait été fini. Pas pour lui. Il l’explique très bien. Il peut perdre des rencontres, il peut s’écrouler physiquement. Mais jamais il ne s’autorisera à lâcher mentalement.

Sur ce plan, il n’y a pas de débat. C’est le plus grand. Tous sports confondus. Le mental de Rafael Nadal est inégalé. 

Rafael Nadal a une vraie capacité à se réinventer

 

Qui l’aurait imaginé avec 21 titres du grand chelem quand il a débarqué sur le circuit, avec son pantacourt peu seyant et son débardeur pour laisser voir ses biscotos ? On était loin de l’esthétique de Federer. Et ses lourds coups droits de gaucher qui faisaient si mal sur la terre battue suscitaient plus de stupeur que d’admiration. Mais en avançant en âge et en expérience, Rafael Nadal a fait varier son jeu. En permanence il cherche de nouvelles solutions. Et en le voyant jouer, c’est tout le tennis qu’on voit évoluer. Hier, il y a eu des moments éblouissants où il a fait parler sa science du jeu, des angles, de la frappe et du placement. Et aujourd’hui plus personne ne peut le voir comme un cogneur de terre battue. Il est tellement plus que ça. L’intelligence au service de son sport. Pour ça aussi, c’est le plus grand.

Novak Djokovic et Roger Federer lui ont rendu hommage hier. Et je crois qu’il faut retenir ce que dit le champion suisse. Rafael Nadal pousse les autres à devenir meilleurs. Il ne grandit pas tout seul dans son coin, il fait grandir le tennis. Et ça compte encore plus que 21 titres du grand chelem mis bout à bout.