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Chaque jour, la matinale d'Europe 1 revient sur l'un des événements sportifs qui fait l'actualité. Ce jeudi, Virginie Phulpin revient sur les propos de Gianni Infantino qui s’exprimait ce mercredi à Strasbourg devant le Conseil de l’Europe. Selon elle, il a utilisé l'Afrique pour défendre son projet de Coupe du Monde organisée tous les deux ans.

Le président de la FIFA a défendu son projet de Coupe du monde de football tous les deux ans devant le Conseil de l’Europe hier. Et Gianni Infantino veut tellement mener son projet à bien qu’il ose user de tous les arguments, y compris les plus improbables. 

Gianni Infantino ose tout, c’est même à ça qu’on le reconnaît. Sa coupe du monde tous les deux ans, il veut tellement nous la vendre qu’il est prêt à la présenter comme un remède miracle à tous les problèmes du monde. Avec ce projet, il veut tout simplement, je cite « donner de l’espoir aux Africains pour qu’ils ne soient plus obligés de traverser la Méditerranée pour trouver peut-être une vie meilleure ou plus probablement la mort en mer ». Oui, vous avez bien entendu, c’est mot pour mot ce que le président de la FIFA a dit devant le Conseil de l’Europe. Vous voyez que ça n’était quand même pas bien difficile de résoudre ce problème des réfugiés. Une coupe du monde tous les deux ans et c’est réglé, tout le monde est heureux. Comment n’y avait-on pas pensé avant ? Moi j’avais mal compris, je pensais bêtement qu’on parlait de football. C’est mon côté un peu bas du front. Mais en fait on parle de la paix dans le monde, carrément. Gianni Infantino veut nous offrir du bonheur, il dit qu’il s’agit de donner à tous des chances et de la dignité. Franchement, ça n’en manque pas un peu, de dignité, ce discours ? Il aurait pu le ponctuer d’un « I have a dream » aussi, tant qu’à faire. Plus c’est gros plus ça passe. 

Gianni Infantino s’appuie beaucoup sur le continent africain pour cette Coupe du monde tous les deux ans.

 

Tant qu’il ne nous parle que de football, pourquoi pas. Tout peut se discuter. Je peux entendre quand il dit qu’en Europe, comme tous les meilleurs joueurs du monde évoluent sur notre continent, forcément on ne voit pas trop l’intérêt d’une coupe du monde bisannuelle, parce que des grands matches, on en a deux fois par semaine. Alors qu’en Afrique, ce serait l’occasion pour les sélections de se mesurer plus souvent aux équipes les plus fortes et donc de progresser. Peut-être. Mais si la confédération africaine est la plus enthousiaste à l’idée de multiplier les coupes du monde, c’est aussi parce qu’on lui fait miroiter l’opportunité d’avoir des revenus bien plus importants avec cette réforme. Il y a 54 fédérations en Afrique. Ca pèse lourd lors des élections à la FIFA. Et ça tombe bien parce que le prochain vote, c’est dans un an. Les choses sont quand même bien faites. Alors que Gianni Infantino ne cherche pas à se faire passer pour le prochain prix Nobel de la Paix. Il ne leurre absolument personne. C’est un président de la FIFA qui fait campagne. Et il a chaussé ses gros sabots.