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Le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam, la performance de Damien Seguin, premier skipper handisport, ou encore la bataille d'Isabelle Joschke : ce Vendée Globe 2020 nous offre plusieurs belles histoires. Plus que les autres années, ces leçons de vie sont importantes à suivre selon Virginie Phulpin.

C’est l’édito sport de Virginie Phulpin. Les skippers de tête du Vendée Globe vont bientôt passer le Cap Horn, basculer dans l’océan Atlantique pour remonter vers les Sables d’Olonne. Pour vous, cette année encore plus que d’habitude, cette course nous donne des leçons de vie, et les marins nous montrent le chemin. 

Pas le chemin vers les eaux déchaînées du Pacifique Sud, j’ai peur qu’on ne puisse pas suivre. Mais un chemin de vie, ça, oui. Ces marins-là nous montrent d’abord que la solidarité compte plus que la compétition. On l’a dit et répété depuis un mois et le sauvetage de Kevin Escoffier par Jean Le Cam. Mais comment trouver un plus beau message pour passer à la nouvelle année ?

Ce Vendée Globe a déjà son héros, celui qui fait chavirer les coeurs en gardant le cap. Jean Le Cam, le vétéran au verbe haut, a été promu officier de l’ordre du mérite maritime, et le mérite, il l’a, il n’y a pas de doute. Surtout qu’il a aussi aidé Damien Seguin à mettre au point son bateau avant la course, à le simplifier pour le rendre plus efficace. Et ils ont réussi, Damien Seguin est bien dans le peloton de tête du Vendée Globe.

Il est le premier skipper handisport à réaliser une telle performance. Lui qui est né sans l’usage de sa main gauche a déjà des médailles paralympiques plein ses armoires, mais là il a passé un nouveau cap. Et quand je dis que ces marins nous montrent la voie, je pense aussi à lui. Le sport a un rôle essentiel à jouer pour l’inclusion des personnes handicapées. Damien Seguin, on le voit à la lutte pour la victoire, on regarde un marin qui joue les premiers rôles avant de voir un athlète handisport.  

30 ans après la victoire de Florence Artaud sur la route du Rhum, il y a encore des progrès à faire pour la place des femmes sur le Vendée Globe quand même. 

En fait, elles se sont bien fait une place parmi les marins, mais pas encore totalement auprès des sponsors. Tout le problème est là. Cette année, on voit Isabelle Joschke qui oscille entre la 5e et la 8e place de la course, et les skippers ont bien compris qu’elle n’était pas là pour faire joli sur la carte postale. C’est la navigatrice Catherine Chabaud qui disait qu’à un moment, on cesse d’être un homme ou une femme pour devenir un marin. Les navigateurs les ont acceptées, et heureusement.

Maintenant il faut que les sponsors suivent le même chemin. Le plus dur, pour une femme, ça n’est pas de boucler le tour du monde, mais de boucler son budget pour pouvoir le faire. Et elles ont rarement les meilleurs bateaux pour l’instant. A bon entendeur…

Quand je parle de ces marins qui nous montrent le chemin, je pense aussi à ces concurrents du Vendée Globe qui collaborent avec l’Ifremer pendant leur course. Ils collectent des données sur le réchauffement climatique et sur la présence de plastique dans l’eau. Donc ils ne font pas avancer que leur bateau, mais aussi la science. Et puis regardez, ce soir, ils vont passer leur réveillon tout seul, et ils n’en font pas toute une histoire. On ferait bien de prendre exemple avant de remonter la pente comme eux vont remonter l’océan Atlantique, non ?