Chaque matin, Yves Thréard nous livre son analyse politique à quelques semaines de l'élection présidentielle.
Débat acte 1 ce soir. C'est le 1er des trois débats de la primaire du PS ce soir. Et ce matin, Yves Thréard en pose les enjeux.
De deux choses l’une : ou ils sont réussis, font une bonne audience et on pourra dire qu’un sursaut est peut-être en train de se produire ; ou c’est un échec et alors la primaire court à la catastrophe avec une très faible participation les 22 et 29 janvier.
Dans ce second cas, le PS aura creusé encore un peu plus sa tombe. On ne compte plus déjà les militants et les sympathisants qui quittent le navire par milliers depuis des mois.
Ironie du sort : la primaire et ses débats, qui avaient fait le succès du PS il y a cinq ans, qui avaient permis à Hollande, "Monsieur 3%", d’accéder à l’Elysée, pourraient donc signer la mort du parti.
La faute à Hollande, à la faillite de sa politique, à son incapacité à incarner l’autorité et à organiser l’avenir de sa famille politique. Après lui, le déluge.
Lequel des participants à ces trois débats peut le mieux tirer son épingle du jeu, selon vous ?
Valls va souffrir car il est exactement dans le rôle qu’était celui de Sarkozy dans la primaire de la droite. Il sera l’objet de toutes les attaques à cause de ses reniements permanents, du "tout sauf Valls" et on connaît sa propension à se crisper comme Sarkozy. Sa sincérité est en jeu. C’est celui qui a le plus à perdre.
Hamon peut-il créer la surprise comme Fillon à droite ? Il a le mérite de la cohérence, mais il aura du mal à défendre son projet de revenu universel à 750 euros pour tous, rejeté par les autres et financièrement irréalisable.
L’exercice est fait pour Montebourg, brillant orateur, dont le programme - taxer les banques, favoriser le made in France, relancer par la dépense publique - peut séduire. C’est le favori. Il porte beau, mais ses idées sont vieilles, coûteuses et floues.
Le vainqueur des débats sera-t-il ensuite celui de la primaire ?
Peut-être. Mais pour un avenir bouché. Pour n’être qu’un figurant du PS à la présidentielle. Sans doute derrière Mélenchon, le candidat de la gauche contestataire : ce serait la première fois depuis 1969. Et derrière Macron : celui qui a compris que le parti fondé par Mitterrand en 1971 n’était plus qu’une maison vide, une ruine sans intérêt pour embrasser le XXIème siècle.