"Les prémices des gilets jaunes ont commencé au 1er-Mai dernier"

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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Plusieurs manifestations sont prévues pour ce 1er mai. Et le ministre de l’Intérieur a annoncé jeudi un dispositif de police important. Vous nous expliquez Michaël que les forces de l’ordre ont étudié à la loupe les rapports de force à l’intérieur des cortèges. En quoi est-ce important ?

C'est important pour comprendre les évolutions politiques dans les sphères de la mouvance contestataire ! Dites-moi à quelle heure sont lancés les pavés et on vous dira qui sont les lanceurs. C’est un fait : le dégagisme n’a pas épargné les défilés. Depuis les manifestations contre la loi Travail, dite loi El Khomry, en 2016, on a constaté le début d’une bataille pour prendre le contrôle du cortège de tête. En clair : pour se faire entendre, des éléments ultras se sont imposés avec des épisodes violents dès le début, prenant de court les responsables derrière leurs banderoles avec les mégaphones et les slogans.

 

Pour ces activistes de la manifestation violente (et donc médiatisée), c’était aussi un message envoyé au syndicalisme à la papa, comme ils les appellent, avec merguez et sandwichs à la fin du cortège, juste après les camions sonos et le slogan "tous ensemble". Les black blocs associés à une base syndicale combative ont changé la nature des manifestations, et ont pu surprendre les forces de l’ordre. C’est ce qui s’est passé l’année dernière lors du 1er mai.

Et c’est ce que confirme une note confidentielle destinée aux hautes sphères de la police, que vous avez pu consulter : en fait les prémices des rassemblements des "gilets jaunes" ont commencé au premier mai dernier.

Une analyse prospective qui a circulé au sommet de l’Etat analysait dès l’année dernière les évolutions nouvelles, alors que les cortèges s’apprêtaient à défiler dans tout le pays. Cette note confidentielle identifie un alliage entre militants syndicaux, anonymes en colère, et les éléments radicaux, de type black bloc. Et c’est ce qui s’est passé effectivement le 1er mai 2018 : les violents affrontements et dégradations du côté de la gare d'Austerlitz ont confirmé les prévisions, mais comme le reconnaît aujourd’hui en privé un haut responsable dans la chaîne de la sécurité : "Ce jour-là, on avait devant nous le premier cocktail des manifestions des 'gilets jaunes' mais on n’a pas poussé plus avant la réflexion."

"Ce jour-là, on avait devant nous le premier cocktail des manifestions des 'gilets jaunes' mais on n’a pas poussé plus avant la réflexion."

Aujourd’hui, un an et une vingtaine d’actes de "gilets jaunes" plus tard, les autorités ont toutes les cartes en main et vont tenter de contenir la convergence des buts déclarés entre "gilets jaunes" et black block : maintenir la pression sur le pouvoir. Le 1er mai dernier en Australie, Emmanuel Macron avait lancé à la presse : "Je n’ai pas vocation à rester assis sur mon canapé à suivre les manifestations." Cette année, il a d’ores et déjà demandé une réponse ferme. On ne sait pas s’il sera sur son canapé, mais on a compris que cette année Emmanuel Macron surveillera de près ce 1er mai qui peut donner la couleur politique du printemps.

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