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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Ce matin, un séminaire gouvernemental pour lancer le travail à partir des annonces du président. Selon la méthode exposée lors de la conférence de presse : le président décide, le gouvernement exécute.

Et c’était la véritable signification de la présence du mobilier particulier de l’intervention présidentielle. Derrière une table du style gaullo-pompidolienne, Emmanuel Macron a donné des directives au gouvernement. Depuis ça cogite dans tous les ministères. Et les ministres ont dressé la liste des questions ou interventions qu’ils préparent lors de ce séminaire ce matin. Donc de la parole aux actes. Alors, on a énormément parlé des mesures économiques et c’est normal. Mais on a moins évoqué les propos assez rares, il faut le souligner, du président sur cette laïcité qui, dit-il, ne doit pas masquer le vrai problème : les bras de fer communautaristes d’une banche de l’Islam politique avec l’Etat.

Le gouvernement communique peu à ce sujet et c’est volontaire, car il s’agit d’une guérilla souterraine qui se joue loin des projecteurs. Il faut savoir en effet que l’ensemble des outils administratifs est mobilisé pour contrôler, cibler et contraindre les établissements culturels ou commerciaux qui ne respectent pas les valeurs de la laïcité. Emmanuel Macron a fait savoir en privé aux ministres concernés qu’il fallait "foncer sur la laïcité". À charge pour eux de traduire la formule.

D’autant qu’il n’y aura pas de modification de la loi de 190. Le projet du tracfin islamiste, le contrôle des flux financier, ainsi que la possibilité de fermer plus facilement des structures qui propagent des discours anti républicains sont à l’étude. Le chef de l’Etat n’a pas mis ces propositions au cœur de son discours, pourtant il est convaincu que les questions identitaires taraudent les Français. 

Cet exemple illustre à quel point le nouveau chantier du gouvernement est d’une grande ampleur, car il faut maintenant produire des politiques publiques et surtout convaincre les Français.

Et c’est tout le défi ! Car les circonstances politiques mettent beaucoup de pression sur Matignon et l’Élysée : quel impact auront les annonces présidentielles sur les élections européennes du 26 mai, alors que les sondages mettent en avant le scepticisme des Français ? En coulisse, un autre débat est porte par quelques ministres : ils plaident auprès du président pour un large remaniement après les élections, tant au gouvernement que dans le fonctionnement de la majorité.

Emmanuel Macron écoute à chaque fois ces recommandations sans répondre. Pour l’instant, en attendant ses décisions, le chef de l’Etat est tourné vers les élections européennes. L’enjeu est pour lui majeur : la crainte en privé est que la liste RN n’arrive devant la liste Renaissance soutenu par les macronistes. C'est le premier rendez-vous électoral depuis 2017, l’acte 2 du quinquennat, c’est le passage à la campagne permanente jusqu’en 2022.