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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique. Le gouvernement ne veut pas aller plus vite que la musique pour mettre en place les mesures annoncées à l'issue du "grand débat national", source du malentendu avec les Français.

Le gouvernement s’est attelé lundi à passer de la parole gouvernementale aux actes concrets mais l’impatience des Français à propos du pouvoir d’achat est difficile à contenir.

 

Les signaux économiques passent au vert : des recettes fiscales en hausse, des embauches CDI en augmentation. Et pourtant, il n'est pas facile de se rallier l’opinion qui pour l’instant prend avec des pincettes les annonces présidentielles de l’après "grand débat national". C'est donc un calendrier de l'avant changement qu’a présenté Édouard Philippe lundi, une bande-annonce gouvernementale pour faire patienter.

 

Et cela met en lumière une nouvelle crainte des dirigeants au carrefour de la crise des "gilets jaunes" et de notre époque : la fin de la technique de l’effet d’annonce. La mesure claironnée à la télévision mais avec effet dans six ou sept mois ça ne passe plus. C’est la raison pour laquelle les mesures de pouvoir d’achat de décembre 2018 avaient été bien accueilles, elles avaient un effet immédiat. Tandis que les cinq milliards d'euros de baisses d’impôts pour les classes moyennes sont prévues pour être adoptées dans la prochaine loi de finances. Conséquence, elles n'auront pas d'effet concret avant 2020 d’où le stress et quelques états d’âmes dans la majorité. Sommes-nous en encore capables de parler aux Français s’interrogent certains responsables de premier plan.

Le président Macron a posé un pari politique : ne pas répondre aux demandes des "gilets jaunes". L’analyse faite par le chef de l'État est maintenant établie : de toute manière, pense-t-il, quoiqu'il fasse les "gilets jaunes" seront contre donc autant ne pas leur faire de concessions et s'adresser à l’ensemble des Français, mais surtout à ceux qui peuvent conforter son électorat. Donc exit le vote blanc, le retour immédiat de l'ISF, le RIC.

D'autres signaux politiques ont été envoyés : la mesure de la réduction de la vitesse à 80 km/h est modulée et sera adaptée localement. En jargon politique, on appelle cela agir à bas bruit, sous les radars. Tout comme avec le système de décote pour ceux partent à 62 ans revient à inciter naturellement à repousser l’âge de départ à la retraite, mais sans tambour ni trompette. La preuve que lorsque le gouvernement veut avancer des annonces sur la pointe des pieds, il sait aussi le faire. Ainsi le projet du conseiller territorial est enterré. Le Sénat, très tendu avec l'Élysée depuis l’affaire Benalla est ménagé entre dose de proportionnelle et réduction du nombre de parlementaires.

En cette veille de 1er-Mai, les manifestations prévues contre le gouvernement et le coude-à-coude incertain aux élections européennes avec le RN ainsi que la bonne tenue du candidat LR inquiète l'exécutif. Les macronistes voulaient rebondir avec les effets d’annonces. Ils craignent désormais que les annonces soient sans effet.