Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.
Galvanisée par un sondage qui donne le Rassemblement national au coude-à-coude avec La République en marche aux européennes, Marine Le Pen a fait une rentrée offensive à Fréjus. Mais plusieurs inconnues planent au-dessus du Rassemblement national.
Et tout d’abord le nerf de la guerre.
Marine Le Pen a coché la date du 26 septembre 2018. C’est à cette date, qu’elle saura si la justice valide la saisie de deux millions d'euros d'aides publiques dans le cadre de l'enquête sur les assistants parlementaires du Front national. On n’attend pas de miracle au sommet du parti tout en espérant un rabais.
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Les élections européennes qui se préparent sont le premier scrutin depuis l’élection présidentielle. On le voit encore aujourd’hui au sommet de Salzbourg, Le Rassemblement national est en pôle-position.
Cela peut être l’occasion pour Marine Le Pen de s’appuyer sur cette élection pour tourner la page douloureuse du débat raté de l’entre-deux tours.
Il y a toujours un électorat puissant mais en quête d’un leader performant.
Problème: Marine Le Pen n’est pas candidate pour mener la liste de son parti. Elle tient à sa circonscription qui lui donne une visibilité pour 2022.
Qui envoyer à sa place ? Louis Alliot ? Député lui aussi mais étant le compagnon de la présidente du Rassemblement national cela passerait mal. Surtout, Louis Alliot vise la mairie de Perpignan.
Pour autant, Marine Le Pen a toujours du mal à confier la tête de liste à Nicolas Bay, député européen RN et ancien secrétaire général, qui tisse sa toile dans l’appareil.
Dans l’entourage de Marine Le Pen, on se dit que la tentation de faire un putsch serait forte. Nicolas Bay a été proche de Bruno Megret, l’ancien numéro deux, qui avait défié Jean Marie Le Pen jusqu’à la scission du parti. Ça crée des liens...
Les solutions venant de la société civile ne sont pas satisfaisantes.
Quant à Thierry Mariani, dont le transfert de LR est attendu, les négociations sont en cours.
Sans tête de liste, le Rassemblement national, qui est un parti comme les autres, ne profite pas des temps difficiles traversés par l’exécutif.
Il n’est pas vraiment un parti comme les autres en fait. Il a une dimension supplémentaire : les prochaines élections seront les premières depuis longtemps qui ne seront pas incarnées par le nom de le Pen en haut de l’affiche. Cet aspect n’est pas bien vécu par la dirigeante du parti. Il faut remonter à 1997, lors de la campagne des législatives anticipées, pour retoucher une situation similaire. À l’époque, Jean-Marie Le Pen avait refusé d’être candidat à l’Assemblée et de mener la campagne.
Cette fois, le contexte est différent. Les enjeux sont encore plus importants car le parti lepeniste est installé au cœur de l’équation présidentielle mais se débat avec ses inconnues. Le Rassemblement national n’arrive toujours pas à conquérir les électeurs retraités, estimés à 16 millions.
Des cadres du parti admettent cette difficulté en petit comité. Il est difficile de prendre le pays si on n’a pas les retraités.
Par ailleurs, les marqueurs de gauche auxquels la députée du Nord Le Pen doit tenir, l’empêchent de pouvoir parler en confiance aux chefs d’entreprise.
On le voit, le Rassemblement national, ex Front national, est engagé dans une course contre la montre entre dépôt de bilan et solde de tout compte de la présidentielle.