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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

Un grand débat peut toujours en cacher un autre. Depuis la mi-avril, une grande consultation est lancée sur le stockage des déchets nucléaires.
En pleine campagne des Européennes, c’est justement un dossier que l’on ne l’avait pas mis en avant.

La République en marche place l’écologie en tête de son programme. Les principaux candidats, main sur le cœur ou doigt pointé, évoquent la cruciale transition écologique avec sincérité ou calcul.

Mais il existe un enjeu concret, un casse-tête pour l’État. Comment stocker les déchets nucléaires ? Une grande consultation nationale sur la politique des gestions des déchets des centrales a commencé le 18 avril.
Le projet de les enterrer dans un immense sarcophage pour des dizaines de millions d’années à Bure (dans la Meuse) est au cœur des débats.
La semaine dernière, les militants anti-nucléaire ont organisé un week-end de mobilisation à Bure, devenu un peu le Larzac atomique.

Mais le débat et les mobilisations ne pourront pas remplacer les décisions politiques qui prennent un retard considérable à propos du site de Bure.
En effet, le gouvernement communique essentiellement sur la fermeture de Fessenheim (promise pour 2020) avec une enveloppe de plusieurs dizaines de millions d’euros pour les aides à la reconversion des emplois dans la région, sans compter le coût du démantèlement.
Le sujet du stockage des déchets attendra la fin d’un très lent processus législatif.

Voilà un beau sujet pour la campagne des Européennes. Pourquoi les partis n’en parlent-ils pas ?

Lorsqu’il s’agit de ne pas froisser l’électeur écolo, "tous aux abris !" pourrait-on dire. Et les faits sont là ! Le nucléaire civil fournit 80% de l’électricité (dite non intermittente) sans parler de l’aspect dissuasion du côté militaire qui maintient la France au range de grande puissance.
Le débat environnemental (maintenant tellement au cœur des préoccupations des Français) mérite mieux que les incantations ou les postures. D’autres voix se font entendre à l’étranger comme celle de Michaël Schellenberg par exemple, nommé héros de l’environnement en 2008 par la presse américaine
Et président d’un institut sur l’Écologie. Il est également un fervent militant de la lutte contre le réchauffement climatique et ardent défenseur du nucléaire comme garantie de l’énergie propre .
Il est la figure de proue des "ecolomodernist", les écologistes pragmatiques.

Pour lui, le nucléaire civil sauve des millions de vies et coûte moins cher que les renouvelables dont l’impact premier est surtout d’augmenter le coût de l’électricité.

D’autres acteurs de l’environnement en Europe appellent à regarder le modèle français et non allemand pour être efficace dans la lutte contre le réchauffement.

En attendant, l’État ne reste pas inerte. Dans les prochains jours, le président de la République devrait entériner une profonde réorganisation du nucléaire français.
La preuve que, pour la France, le nucléaire n’est pas en train de reculer dans les priorités de la politique énergétique.
D’où les prudences au plus haut niveau en ces temps politiquement sensibles, car le dossier est politiquement radioactif.