Déchets nucléaires : Greenpeace met en garde contre une "saturation" mondiale

Le rapport passe en particulier au crible la gestion des déchets nucléaires dans sept pays, dont la France.
Le rapport passe en particulier au crible la gestion des déchets nucléaires dans sept pays, dont la France. © PASCAL GUYOT / AFP
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avec AFP , modifié à
Dans un rapport, Greenpeace s'inquiète du stockage de déchets nucléaires dans des piscines de refroidissement, qui présenterait des risques de saturation. 

Greenpeace a alerté mercredi contre un risque de "saturation" mondiale des déchets nucléaires, mettant également en cause des projets d'enfouissement profond des déchets hautement radioactifs. Le rapport commandé par la branche française de l'ONG à plusieurs experts passe en revue les divers déchets produits par la "chaîne" du combustible nucléaire, de l'extraction de l'uranium aux combustibles usés déchargés des réacteurs. Mais c'est surtout ces derniers, "les plus dangereux", sur lesquels Greenpeace veut attirer l'attention.

Des piscines de stockage "vulnérables" ? Selon le rapport, il existe aujourd'hui "un stock mondial d'environ 250.000 tonnes de combustibles usés hautement radioactifs" répartis dans une quinzaine de pays. Et la majorité "reste entreposée dans des piscines de refroidissement sur les sites des réacteurs", note le rapport. Piscines de stockage qui, selon un précédent rapport de l'ONG, sont "vulnérables" aux attaques extérieures. Le rapport pointe en particulier du doigt la France où l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a déjà souligné le risque de saturation des immenses piscines de La Hague où refroidissent les combustibles irradiés des centrales. "Il n'y a pas de risque de saturation des piscines de La Hague avant 2030", a assuré mercredi un porte-parole du groupe Orano (ex-Areva), assurant disposer encore de 200 emplacements (chacun représentant 5 tonnes de combustible usé), et en utiliser 20 supplémentaires par an.

Le rapport s'inquiète également du "danger potentiel" de l'"accumulation" dans les piscines des réacteurs américains, qui contiennent "trois à quatre fois plus de combustible nucléaire usé que ce qui était prévu par les concepts d'origine". Alors que les piscines se remplissent, "aucun pays au monde ne dispose d'une solution pour les déchets de haute activité", écrit Pete Roche, un des auteurs, consultant spécialisé en énergie et militant anti-nucléaire. Et "un nucléaire sans solution pour ses déchets c'est comme un avion sans piste d'atterrissage", a commenté Yannick Rousselet, chargé de campagne nucléaire pour Greenpeace France.

L'enfouissement profond, "une erreur grave". Le rapport passe en particulier au crible la gestion des déchets nucléaires dans sept pays (Belgique, France, Japon, Suède, Finlande, Grande Bretagne et États-Unis). "L'industrie nucléaire, avec le soutien des gouvernements à différents niveaux, maintient le choix du stockage géologique du combustible usé (...). Pourtant, nulle part dans le monde, un stockage souterrain viable, sûr et durable à long terme n'a été mis en place", insiste le texte, estimant que même en Suède et en Finlande, où les initiatives sont les plus avancées, il reste de "grandes incertitudes". Le projet français d'enfouissement Cigeo à Bure est particulièrement dénoncé. "La vérité c'est que nous arrivons à une situation critique liée à la saturation des piscines de stockage. Pour autant, opter pour l'enfouissement profond serait une erreur grave car on ne pourrait pas revenir en arrière", a insisté Yannick Rousselet, qui plaide pour un entreposage à sec sécurisé en conteneurs en "subsurface".