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Chaque matin, Michaël Darmon évoque un sujet précis de la vie politique.

On continue à explorer les jours d’après élections européennes. C’est le dernier jour d’une campagne qui a reposé sur les épaules du président de la République. Il s’agit d’une prise de risque pour la relance du quinquennat après le Grand débat.

Une campagne qui dévoile un aspect de la personnalité d’Emmanuel Macron.
Décidément, il aime la bagarre. Face à ses interlocuteurs ces jours-ci, il se montre impatient et assume d’avoir mis la majorité sous pression. Le président assume aussi en petit comité d’avoir piloté la campagne.

Mais voilà, il n’est pas sur l’estrade et à sa place de président de la République. Emmanuel Macron doit aussi regarder les autres faire, d’où sa volonté d’en découdre dès que l’occasion lui en a été offerte.
En clair, il veut provoquer Marine Le Pen en duel singulier. C’est étrange tout de même pour des élections européennes qui, en fait, n’ont pas d’incidence sur l’élection présidentielle.
Mais la pression est forte ! Pour la première élection nationale depuis 2017, Emmanuel Macron a voulu faire de ce scrutin la redite de l’élection présidentielle.
Et le président joue son va-tout tout en prévenant les ministres du gouvernement qu’en cas de mauvais résultat, la dynamique de l’acte 2 sera grippée.

Profondément européen. Emmanuel Macron est persuadé que l’Europe peut se disloquer, une dramatisation des enjeux pour provoquer le vote utile alors que la mobilisation s’annonce faible.
Il est vrai que tous les responsables de la majorité ne cachent pas leur crainte d’un mauvais score dimanche, tout en espérant secrètement un dernier sursaut des indécis.

Quels changements se préparent au niveau du gouvernement ?

Ce qui est frappant c’est de voir à quel point l’équipe actuelle de Matignon semble renforcée dans sa mission de mettre en route la suite du quinquennat.

En conséquence, si Emmanuel Macron n’a pas l’intention de changer de Premier ministre, c’est le Premier ministre qui change sa méthode.
L’assouplissement de la limitation de vitesse à 80 km/h sur les petites routes se veut la vitrine de cette évolution. Édouard Philippe, crooner du centralisme administratif, veut devenir devenir le chantre de la décentralisation. C’était le sens de ses déclarations ce jeudi sur CNews.

Sauf coup de théâtre, il restera à la tête d’un gouvernement "ajusté", selon le terme employé à l’Élysée. En général, on dit cela à la veille des remaniements qui prennent ensuite plusieurs jours à aboutir.
En tous les cas, une chose qui est sûre, Jean-Yves Le Drian se dit très heureux au quai d’Orsay. Il rentre d’Afrique et prépare les prochains voyages présidentiels en Angola et en Afrique du Sud.

Les futurs changements dans le gouvernement devraient déboucher sur un discours de politique général du Premier ministre.

De son côté, Emmanuel Macron a déjà enjambé cette élection. Son prochain combat est de contenir les ambitions de l’Allemagne sur la Commission européenne.
C’est le point commun entre Philippe et Macron, ce sont tous deux des boxeurs mais ils ne montent pas sur le même ring.