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On peut les installer le plus loin possible, l’urbanisation rattrapera toujours les usines Seveso. À chaque catastrophe, chacun trouvera qu’elles sont encore trop près des maisons.

Un site classé Seveso en plein centre-ville, cela semble une folie. Comment est-ce possible ? De tels sinistres sont-ils encore à redouter demain ?

Images absolument saisissantes, les flammes puis le panache de fumée noire se forment juste au-dessus des maisons car l’usine de produits chimiques Lubrizol (classée Seveso) est imbriquée dans la ville. Pourtant en 1954, lorsqu’elle s’implante à Rouen, elle ne fait peur à personne. Cette usine est au milieu des champs de patates. 70 ans plus tard, la voilà donc cernée par les habitations et rattrapée par l’urbanisation galopante. Pas d’interdiction pendant des années alors les maisons se construisent avec vue imprenable sur une usine qui a tout d’une bombe à retardement.

Rouen n’est pas un exemple isolé ?

En France, il y a environ 1.300 sites Seveso. Les plus dangereux sont classés "seuil haut", on en compte 700 dont 97 qui sont carrément au milieu des habitations, c’est à dire que 100.000 personnes vivent à moins d’un kilomètre du site. Comme à Toulouse lorsque l’explosion d’AZF souffle un quartier entier, en 2001.
Traumatisée, la France décide alors deux ans plus tard avec la loi Bachelot de faire le ménage autour de ces sites industriels à haut risque. Mais sans jeu de mots, c’est une usine à gaz à la française. Des bataillons d’experts, des bureaux d’études et des maires qui défendent leur territoire en vue des élections. Il y a une ardoise à régler. Qui doit payer l’expropriation des riverains en première ligne et les travaux pour renforcer la protection des immeubles menacés par le feu ? Tout ça coûte cher et prend beaucoup de temps, trop de temps.

À l’avenir, peut-on imaginer l’implantation de nouveaux sites classés Seveso ?

C’est quasiment mission impossible ! Les contraintes imposées aux industriels sont draconiennes. Pour s’éloigner des habitations, la tentation est grande de les construire à la campagne. Mais entre la protection d’un cours d’eau, des animaux d’élevage, des cultures, de la flore et de la faune, c’est niet ! La solution c’est alors de se rabattre vers une zone industrielle mais qui a été grignotée par des zones pavillonnaires, qui sont donc trop proches. Le serpent se mord la queue, un site Seveso flambant neuf ce n’est pas pour demain mais qui s’en plaindra ?