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Dès 2028, la Seine sera reliée aux 20.000 kilomètres de canaux du réseau nord Européen. La France va construire un canal XXL de 107 kilomètres avec sept écluses. Le chainon manquant qui va doper notre trafic fluvial vers nos voisins du nord et surtout désengorger certains axes routiers saturés par les camions.

Malgré ces nombreux fleuves et canaux, la France était à la traîne en matière de  transport fluvial, pourtant moins polluant  que le routier. Demain, elle est bien décidée à le faire décoller.

L’an dernier le trafic de nos péniches a  bondit de 10%, du jamais vu depuis 2013 avec près de 57 millions de tonnes de marchandises. Céréales, matériaux de construction et produits chimiques  ont donc voyagé sur nos 6.700 kilomètres de fleuves et de canaux. Et encore, le réseau a souffert des épisodes de canicule. Certaines voies ont dû être fermées faute de débit suffisant. Cocorico donc mais en mode "peut mieux faire". En Europe, la France n’est pas au top. Handicapée par son réseau moins dense, nos péniches ne représentent que 5% du trafic de fret contre 38% en Allemagne et 33% aux Pays Bas. Du retard, mais une dynamique est enclenchée. La péniche française vient de changer de braquet.

Qu’est-ce qui fait dire ça ?

Elle n’est plus has been. Sa lenteur, souvent raillée par le passé, n’est plus rédhibitoire. La fiabilité compte plus que la vitesse. Il n’y a jamais d’embouteillages sur les voies d’eau.  Résultat, plus de 25% des déblais des travaux titanesques du Grand Paris Express seront évacués par péniches, qui livreront aussi les ouvrages des JO 2024 à Paris  et en banlieue. À plus long terme,  dès 2028, la Seine sera reliée aux 20.000 kilomètres de canaux du réseau nord Européen. La France va construire un canal XXL de 107 kilomètres avec sept écluses. Le chaînon manquant qui va doper notre trafic fluvial vers nos voisins du nord et surtout désengorger certains axes routiers saturés par les camions.

Des péniches à la place des camions, est-ce vraiment une bonne nouvelle pour l’environnement ?

Dotées de moteurs thermiques, ces péniches sont donc polluantes mais rapportée à la tonne transportée, les émissions sont divisées par quatre par rapport aux poids lourds. Un convoi fluvial composé d’un bateau pousseur et de plusieurs barges peut transporter jusqu’à 4.500 tonnes de marchandises, soit l’équivalent de quatre trains ou de 250 semi-remorques. Les VNF, voies navigables de France, comptent bien accélérer leur transition écologique. D’ici l’automne, doivent voir le jour des "bateaux-entrepôt", légers et hybrides. Et d’ici 2021, des prototypes de barges fonctionnant au gaz ou à l’hydrogène. Entre les Pays Bas et la Belgique, le plat pays, circulent pourtant, sur leurs paisibles canaux,  déjà des péniches 100% électriques. Inadaptées hélas à nos long fleuves impétueux, car elles ne sont pas suffisamment puissantes avec leurs seules batteries pour tenir tête aux forts courants du Rhône ou de la Seine.