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Depuis sa ferme pédagogique installée à Boisset en Haute-Loire, Fanny Agostini met à l'honneur l'alimentation, la santé et l'agriculture. Ce mardi, elle s'intéresse à plusieurs études qui démontrent une corrélation entre l’exposition à la lumière artificielle et la perturbation de la germination, la croissance, l'expansion des feuilles, la floraison, le développement des fruits et la vieillissement des arbres.

Le confinement précédent avait permis d’atténuer certaines pollution dont la pollution lumineuse. Est-ce encore le cas cette fois ci ? 

Il semblerait comme par exemple à Bayeux dans le Calvados, où il n’y plus éclairage publique la nuit. À Roquebrune dans le Var, la municipalité a baissé l’intensité lumineuse de ses lampadaires depuis le début de ce reconfinement. Et ils sont nombreux les maires ayant pris la décision que les avenues, boulevards, rues et ruelles ne seraient pas sous les spots light. Éteindre les lumières, question de bon sens étant donnée les nuits inanimées qui vont se succéder jusqu’à la levée des restrictions. Pour ces élus, c’est avant tout un moyen de faire des économies d’énergie substantielles mais éteindre la lumière la nuit irait bien plus loin avec des bénéfices insoupçonnés. 

Moins de lumières artificielles ferait du bien aux arbres.

On savait que la pollution lumineuse était néfaste pour la faune. Les insectes, les oiseaux migrateurs, les amphibiens et autres animaux sont susceptibles d’être déboussolés par cette absence d’alternance entre le jour la nuit. Mais l’impact sur les arbres nous avait échappé jusqu’à présent. Or, plusieurs études démontrent une corrélation entre l’exposition à la lumière artificielle et la perturbation de la germination, la croissance, l'expansion des feuilles, la floraison, le développement des fruits et la vieillissement des arbres. L’attention a été porté spécifiquement sur l’érable, le sycomore, le hêtre, le chêne et le frêne qui ont tous montré un bourgeonnement précoce par rapport à des individus non exposés à nos lampadaires. Et plus une zone est illuminée, plus les anomalies seraient marquées.

En partant des arbres, c’est toute la chaîne alimentaire qui est touchée. 

Ça va plus loin que la seule perturbation du cycle de vie des arbres. Non seulement les bourgeons qui s’ouvrent trop tôt s’exposent au gel qui peut leur être fatal, mais cela perturbe aussi toutes les espèces inféodées aux arbres et pour qui le bourgeonnement veut dire "c’est le printemps". Ainsi les chenilles qui se nourrissent du feuillage vert tendre, jusqu’aux oiseaux qui se nourrissent de ces mêmes chenilles, ou encore des abeilles qui ne sont pas encore sorties des ruches et ne seront pas syncho pour aller poolliniser etc…Une anomalie qui, par effet ricochet, impact toute la chaine alimentaire. 

C’est donc au printemps prochain que nous pourrons apprécier les répercussions de ces nuits plus calmes et plus noires sur les arbres ce qui devraient aussi nous permettre de voir plus d’insectes et plus oiseaux et peut-être fera prendre des décisions à l’ensemble de nos élus pour que ces nouvelles habitudes s’étendent au-delà du confinement.