Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
La réserve de substitution de sainte Soline, ce que les opposants appellent une bassine, jugée illégale par la justice administrative, hier, a Bordeaux. Est-ce que ça veut dire que c'en est fini du projet ?
La cour administrative d'appel de Bordeaux a effectivement jugé illégales quatre projets de stockage d’eau pour l’irrigation. Sainte-Soline, l'emblématique, et trois autres réserves qui ne sont pas encore construites, dans le deux Sevres et dans la vienne.
Et tout de suite, les antibassines ont crié victoire, victoire sur l'agroindustrie, la destruction du vivant, les agriculteurs pollueurs, je vous passe le clichés. Ils ont sorti un peu vite, les confettis. S'il avaient lu l'arrêt de la justice administrative, ils auraient sans doute modéré leur enthousiasme. C'est loin d'être fini. Le principe de stocker, en hiver, l'eau de la nappe, très abondante et qui déborde, pour l'utiliser en été reste totalement pertinent. Les activistes sont loin d'avoir définitivement eu la peau des réserves.
C'est à dire?
D'abord, dans la requête en annulation des projets qui avait été déposée par une dizaine d'associations environnementalistes, il n'y avait pas quatre projets. Il y en avait 16. Le 16 portés par les agriculteurs de la Coopérative de l'eau des deux sevres. Ils voulaient l’annulation et la remise en l’état des sites. Raté. la cour administrative d'appel de Bordeaux ne voit aucun problème pour 12 d'entre eux. Eh oui. Il faut lire tous le paragraphes,
Oui, mais il y a quatre bassines illégales.
Là encore, il faut tout lire... Les ennemis des supermegagigabassines ont eu la flemme. Ces quatre projets sont illégaux, parce qu'il manque une pièce au dossier. Une dérogation de la préfecture sur le droit de l'environnement et plus spécifiquement, sur la protection des espèces protégées. Il y a, aux alentours des sites, des outardes canepetières, volatiles en passe de devenir célèbre. Les antibassines estiment que la construction des réserves les menace. Les agriculteurs expliquent que c'est parce qu'ils ont justement prévu d'aménager le calendrier des travaux pour ne pas gêner la nidification qu'ils n'ont pas demandé de dérogation environnementale. Et donc, ils vont le faire auprès du préfet. Qui jusqu'ici n'a pas vu d'inconvénient a les délivrer.
Et ensuite?
Muni de sa dérogation, le projet pourrait aussitôt reprendre, pas besoin de passer devant le juge. En fait, ça ne va pas changer grand chose pour trois sites, puisque de toutes façons, les travaux ne doivent pas débuter avant un bon moment
Mais Sainte-Soline est finie! Et remplie!
Oui. Et là encore, les antibassines vont vite se rendre compte qu'il vont plus sûrement reboucher le champagne que Sainte-Soline. La justice administrative a pris en compte les demandes des agriculteurs. Ils sont 12, branchés sur la réserve, qui ont donc coupés leurs prélèvements dans le milieu naturel, la nappe phréatique, c'était le but.
La justice leur donne le droit d'utiliser l'eau stockée. Ils ne peuvent pas remplir la réserve tant que la situation administrative n'est pas régularisée, mais ce n'est pas très grave : elle est pleine, ils auront de l'eau cet été, comme prévu. Et quand la prochaine échéance de prélèvement sera arrivée, en novembre 2025, ils espèrent bien que le dossier sera de nouveau sur les rails.