Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Les jamais contents de l'écologie ont encore frappé. Cette fois-ci, ils sont fâchés contre l'utilisation par une petite commune du Morbihan d’un attelage de chevaux de trait.
La commune de Questembert, 7000 habitants, a adopté en 2011, des "chevaux territoriaux". La ville, gérée par une municipalité de gauche, tendance écologiste - ça ne manque pas de sel pour la suite du récit- possède une paire de solides chevaux de trait. Ils emmènent les enfants à l'école, font visiter la ville, aident aux travaux paysagers et collectent les ordures ménagères. Ils remplacent le minibus scolaire ou le camion poubelle. C'est calme, ça ne pollue pas, la ration de fourrage est bas carbone. Les chevaux n'étant pas des gadgets, des agents municipaux formés en prennent soin. Quant au crottin, il fertilise les plates-bandes. Ecologique et économique.
Cette initiative déchaîne les passions... Le micro parti du député LFI Aymeric Caron en a fait un cheval de bataille, contre la petite mairie
Tout est parti d'un élu municipal de la ville, qui s'offre du foin médiatique sur le dos des chevaux. Ce monsieur est membre du microparti d’Aymeric Caron. Un mouvement appelé REV, Révolution pour le vivant, qui professe écologie radicale et antispécisme : il milite pour la " libération de l'animal". Le collectif a lancé le 13 avril une pétition pour contre l’utilisation des chevaux. Au nom de la souffrance animale, des charges trop lourdes, des conditions météo extrêmes, des risques à côtoyer les voitures. "Les animaux ne doivent plus être vus comme des outils au service des humains. Le vivant doit pouvoir vivre dignement, pour lui-même." clame la pétition. 25 000 signatures...
On s'y perd. Il vaut finalement mieux des voitures et les camions en ville ?
Je ne sais pas. Un de ces moments magiques où les combats écologiques et animalistes, pourtant cousins, se mordent mutuellement la queue et ne savent plus choisir entre la biodiversité et le climat. Ils ne voient pas plus loin que le bout de leurs naseaux. Parce que si les animaux ne doivent pas être mis au service des humains, il faut dire adieu aux chiens guide d'aveugle, aux abeilles domestiques, à tous les animaux de ferme. Tous n'existent que par l'homme. Le cheval de trait, typiquement, est une création. Un animal sélectionné pour le travail. Il n’est pas apparu par magie. D'ailleurs, il n'a pas échappé à Aymeric Caron que la traction motorisée l'a quasiment fait disparaitre. Il en reste 9500 en France. S'il vit " pour lui même", il n'existe plus.
Pourquoi l'extrême gauche écologiste est -elle à ce point électrisée par l'utilisation des chevaux de trait ?
Une sociologue de l’Inrae, Jocelyne Porcher, l'explique bien dans son ouvrage " cause animale, cause du capital". L'animal, c'est le nouveau prolétariat à défendre pour l’extrême gauche type Aymeric Caron. Les classes laborieuses s’en sont détournées après avoir été abandonnées en rase campagne. Le combat d'Aymeric Caron, c'est Gaza, pas les ouvriers. L'animal est un substitut facile. On peut en faire une victime du grand capital ; lui faire dire tout ce qu'on veut, plaquer sur lui toutes ses dadas. Lui inventer des souffrances : comme avec les chevaux de Questembert. On n’a plus de mineurs, on a des canassons ! Ils sont mieux traités que ne l’étaient les mineurs, mais qu’importe...C’est de la bonne conscience à risque zéro. L’animal ne parle pas, ne proteste pas et surtout... il ne vote pas ! Il ne vous sanctionne pas dans les urnes quand vous quand vous vous comportez comme un âne.
Une contre-pétition a été lancée pour soutenir la mairie de Questembert.