Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.
Los Angeles est toujours en proie aux flammes. Hier, on comptait 16 morts, 16 disparus et plus de 12.000 bâtiments détruits. Le drame se poursuit. Il faudra des mois pour évaluer les dysfonctionnements qui ont conduit à ce que les feux prennent cette ampleur folle.
Parce que ces feux allaient se produire, ce n’est une surprise pour personne, parce que le changement climatique crée les conditions pour cela, en aridifiant la Californie. Mais dans l’Etat américain le plus progressiste, et celui où les citoyens et les élus se disent les plus au fait du changement climatique, les autorités ont préféré courir d’autres lièvres que ceux de l’adaptation et de la préparation.
Les critiques pleuvent sur la gestion du service de lutte contre les incendies.
Et en première ligne, Karen Bass, la maire de la ville. Accusée d’avoir coupé dans le budget 2025 des pompiers. Elle se défend que cela puisse avoir eu la moindre incidence sur la réponse au feu. Il y aura des enquêtes. Mais il faudra aussi se demander si l’énergie mise à promouvoir les politiques inclusives dans l’organisation des pompiers n’a pas nui à la réponse. La nouvelle cheffe du LAFD arrivée en 2022 parle de tout sauf de sécurité publique et de prévention. Lesbienne revendiquée, militante, sa priorité selon ses propres mots, c’était « la promotion d’une culture qui valorise la diversité, l’inclusion et l’équité”. Pas de préparer la ville aux mégas feux. Pas de former les équipes. Sa politique de recrutement sur caractéristiques de genre ou de race, plutôt qu’à la compétence fait l’objet de critiques acerbes à Los Angeles – ville pourtant ultra progressiste.
Autre impréparation, le nettoyage des abords des habitations.
Los Angeles est une ville dense, mais collines et de canyons s’imbriquent dans le tissu urbain. Il faut entretenir ces espaces semi-sauvages, sans quoi ils s’embrasent. Les pompiers ont alerté sur les débroussaillages devenus insuffisants... Mais par idéologie, on a ignoré leurs alertes. Les collectivités de Californie, on a massivement banni les desherbants, trop sales. En expliquant que les méthodes alternatives suffiraient. Elles se révèlent insuffisantes, c’était prévisible, c’était annoncé.
En cause aussi, le manque d’eau
Là encore, il va y avoir des enquêtes sur le sous-financement des réseaux, sur le fait que certains réservoirs étaient vides. Mais il est vraisemblable que le manque doit soit dû à l’ampleur et au nombre de feu, plus qu’à des failles de politiques publiques.
Les scandales restent à venir.
Oui, et cette fois, on pourra vraiment accuser l’idéologie. Le Los Angeles Times racontait, en mai dernier, les effets pervers du contrôle des prix des assurances par l’Etat de Californie. Il a empêché les assureurs de relever les primes de leurs clients pour tenir compte des risques d’incendie, devenus très probables ( Oui, tout le monde savait). Comme il ne leur était plus possible de réassurer leurs contrats, ils en ont résilié une partie. Des milliers de familles californiennes ont dû se rabattre sur une assurance d’urgence créée par l’Etat. Laquelle n’a absolument pas les moyens de rembourser les sinistres qui vont se chiffrer en milliards.