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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

La CGT Cheminots et Sud Rail ont déposé un préavis de grève pour le week-end du 17 et 18 février, en plein milieu des vacances scolaires.

Un grève qui concerne les contrôleurs des TGV, Ouigo, Intercités. Ils sont 8500 en France.  70 à 90% des contrôleurs pourraient faire grève. Or, pour qu’un train circule, il faut au moins un contrôleur à bord. Un million de voyageurs pourraient voir leur voyage perturbé.

Qu’est-ce qu’ils veulent ces contrôleurs ?

On est dans la continuité d’une grève sauvage qui avait eu lieu à Noël 2022, avec toute une série de revendications. Des recrutements pour qu’il y ait deux contrôleurs par train, des mesures pour les fins de carrière, des primes, des revendications salariales. Autant de points sur lesquels la SNCF a pris des engagements, qu’elle affirme être en train de tenir. Elle a recruté 450 contrôleurs en plus en 2023, 650 en plus en 2024. Alors que 87 % des trains circulaient avec deux contrôleurs en 2023, ce seront 95 % en 2024, et 100 % l’an prochain.

Mais il y a aussi des revendications salariales.

Il faut entendre Fabien Villedieu, le représentant de Sud Rail. Il estime qu’avec une augmentation de 150  à 200 euros bruts par mois pour les cheminots, la SNCF pourrait éviter la grève.  Il se paie notre tête...

Il se paie notre tête ?

Oui. Il met en avant le fait que la SNCF va annoncer des bénéfices pour l’année 2023, et qu’elle peut bien les partager avec ses salariés. Et là... Je m’énerve.  La SNCF est une entreprise publique, pour laquelle la collectivité a consenti un important effort, en prenant à sa charge 35 milliards d’euros de dette. Rien à dire : c’est important pour la décarbonation des transports

Mais les salariés n’ont pas été lésés. En trois ans, les salaires à la SNCF ont augmenté en moyenne de 17% et de 21% pour les plus bas salaires. Plus que l’inflation, qui est de 13% sur la période. Il va y avoir des bonus de 2% à 4% pour quelques milliers de salariés méritants. Il n’y a pas de smicards à la SNCF : les plus bas salaires ont 10%au dessus du salaire minimum.

Les bénéfices attendus, lors de la publication des résultats le 28 février, seront partagés.

Les cheminots devaient bénéficier de 400 euros de prime pour 2023... L’entreprise va doubler la mise. 800 euros. Les primes de logement, de transport ont aussi été revalorisées.  La SNCF doit consacrer des sommes énormes à se moderniser.... Mais elle n’oublie pas les cheminots. La masse salariale a augmenté d’un milliard et demi en trois ans. Cela ne s’appelle pas de la maltraitance salariale.

La grève n’est pas responsable.

C’est pousser le bouchon carrément trop loin. Nous avons besoin d’un système ferroviaire fiable, pour que les Français renoncent à leur voiture.  Les cheminots en grève pénalisent à la fois leur entreprise dans la concurrence et ils en dégoûtent les Français, souvent moins bien lotis qu’eux. Il est temps qu’ils cessent de considérer la SNCF comme leur vache à lait et leurs concitoyens comme des pigeons