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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Vent de panique ces derniers jours au conseil d’administration de l’Université américaine d’Harvard, à Boston. 1.600 donateurs ont menacé de supprimer leurs donations si l’Université ne met pas fin à la vague d’antisémitisme qui touche le campus.

Une protestation menée par deux milliardaires juifs issus des rangs d’Harvard dont Leslie Wexner, la patronne de la marque de lingerie Victoria Secret, qui a financé un bâtiment entier. Ils promettent à l’Université un exode des donateurs si elle ne lutte pas contre l’antisémitisme et les agressions d’élèves juifs. D’autres dirigeants de grandes entreprises, de cabinets d’avocats prestigieux appellent à ne plus embaucher d’étudiants qui seraient impliqués dans les manifestations violentes, ou qui tiendraient des propos rendant Israel responsable des pogroms perpétrés sur son sol.
Ils ont été choqués par des vidéos montrant des étudiants pro palestiniens s’en prendre physiquement à des étudiants Juifs sur le campus d’Harvard.

Un cas isolé, ces menaces de couper les vivres à l’Université  ?

Non, une vague de fonds : de grands financeurs de Wall Street ont tenu le même discours à l'Université de Pennsylvanie à New York, à Stanford et à Cornell. Faites le ménage ou finis les dollars. Or, ces universités sont privées, elles dépendent de cet argent. Elles vont devoir agir. Evincer les fauteurs de trouble. Réintroduire l’enseignements de l’antisémitisme dans les cursus, recadrer les enseignements des facultés d’études de genre, d’études raciales, en première ligne des dérives, sans quoi, elles n’auront plus un sou.

Les incidents violents et les agressions se multiplient sur les campus.

Une déferlante d’actes de violence antisémites. Des destructions à coups de battes de baseball d’effigies de Joe Biden et Benjamin Netanyahou en Californie par des étudiants masqués de keffiehs, ça ressemble aux pires moments du Ku Klux Klan. A  New York, des étudiants Juifs ont dû se barricader dans une bibliothèque, poursuivis par des manifestants pro-palestiniens. A Tulane, en Louisiane, au moins deux étudiants Juifs ont été agressés et laissés en sang près d’une manif pro-palestinienne. A Cornell, à New York, des affiches ont fleuri appelant à l’égorgement des Juifs. Haine barbare dans les temples du savoir.

Comment est-ce qu’on peut expliquer cela, ces digues qui sautent ?

La culture du militantisme radical des campus américains, ce n’est pas nouveau. Mais le conflit actuel n’est qu’un prétexte à l’expressions d’autres haines qui n’ont pas grand-chose à voir avec la Palestine. C’est la traduction de toute la culture intersectionnelle de la victimisation et de la mise au pilori qui fait flores sur les campus depuis 20 ans. Segmenter la société en groupes victimaires, trouver les oppresseurs, leur faire la peau socialement ou au sens propre pour la bonne cause de la justice sociale. Le conflit au Proche-Orient donne un aboutissement naturel à ce raisonnement pervers. Il y a une cible toutes trouvées, les Juifs.

Intéressant : la dérive n’a pas pu être freinée ces dernières années sur les campus américains. C’est peut-être en fermant tout simplement le robinet financier que les délires woke vont se tarir.