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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

Une vidéo tournée hier dans une rune parisienne a fait le tour des réseaux sociaux. On y voit une femme arrachant des affiches portant le portrait de personnes otages du Hamas.

Une femme, pas très jeune, bien mise, un paquet d’affiches froissées à la main, en train d’en arracher d’autres d’un mur du Sentier, à Paris, quartier où vit une importante communauté juive. La scène crée de l’émoi. La femme est prise à partie par des témoins qui filment, on lui crie, en anglais, qu’elle devrait avoir honte, que ce sont des personnes kidnappées. Elle perd ses nerfs, explose de colère, hurle "Israël assassin".
Une passante tente de la raisonner, elle finit par lui jeter "vous savez combien Israël a tué de personnes a Gaza, ca ne vous gène pas?". Le climat s’échauffe, et la dame, hors d’elle, poing en l’air clame "vive la Palestine, Palestine, Palestine". La scène est glaçante, elle s’achève brutalement sur ce qui ressemble à une altercation physique.

Et très vite, il est apparu que cette femme n’est pas n’importe qui.

Elle est vite identifiée comme étant une contractuelle du Quai d’Orsay, pour lequel elle a réalisé des missions comme consultante permanente spécialiste du Proche et du Moyen Orient. Diplômée en sciences politiques et en histoire, elle a aussi enseigné comme vacataire à Sciences po jusqu’en 2014. Signature du Monde Diplomatique, invitée régulière de médias de référence comme France Culture. Au fil des heures, c’est un CV haut de gamme qui se déroule. Elle a été décorée de la légion d’honneur en 2017, pour avoir été conseillère politique à l’ambassade de France en Irak et en Egypte.

Le Quai d’Orsay, mis en porte à faux, a-t-il réagi ?

Oui, et de façon propre, nette et sans bavure.  Il a rappelé que la femme en question est une ancienne collaboratrice contractuelle. Il a aussi condamné "un comportement et des propos indignes qui la disqualifient entièrement pour entretenir la moindre relation de travail avec le ministère", et il a ouvert une enquête pour en savoir plus sur les conditions de son recrutement. D’autant que le ministère dit avoir eu connaissance, depuis l’esclandre, d’autres publications, comparant par exemple les attaques terroristes du Hamas à la résistance française, qui pourraient "entrer dans la définition de l’antisémitisme adoptée pour la l’alliance de la mémoire de la Shoah, endossée par la France en 2019". Des propos qui pourraient intéresser la justice.

Cette vidéo, ce personnage, posent question.

Oui, parce qu’il y a un contraste saisissant entre parcours d’une femme en apparence respectable, éduquée, appartenant à l’élite intellectuelle française, et la déambulation d’une décolleuse d’affiche écumante de haine. La question est celle d’un entrisme militant déviant dans les structures de l’Etat, dans les sphères universitaires. Celui, nourri par les frères musulmans, que dénonce l’ethnologue Florence Bergeaud-Blacker.

Un cas qui n’est pas isolé. Ainsi, l’ONG UN Watch a-t-elle démontré ces derniers jours que 14 membres de l’agence de l’ONU dédiée à l’aide aux réfugiés palestiniens s’étaient publiquement réjouis des attaques terroristes menées par le Hamas sur des civils israéliens le 7 octobre. Des enseignants, des médecins, qui en avaient parlé comme "de belles scènes", prélude à l’effacement des Juifs de la surface de la terre.