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Tous les matins après le journal de 8h30, Emmanuelle Ducros dévoile aux auditeurs son «Voyage en absurdie», du lundi au jeudi.

En juin 2023, la petite ville de Denain, dans le Nord, près de Valenciennes, avait été ravagée par les émeutes consécutives à la mort du jeune Nahel, à Nanterre. Cette commune n’a pas fini d’en payer le prix. Elle a été lâchée par les assureurs

La maire socialiste de la ville, Anne-Lise Dufour-Tonini, est inquiète. Elle s’en est ouverte aux équipes locales de France 3. Elle raconte que depuis le 1er janvier, sa ville, qui compte 20 000 habitants n’est plus assurée. En juin 2023, il y avait eu de sévères dégradations à Denain. Le théâtre, la gare, la mairie... Les trois quarts des bâtiments communaux avaient subi des dommages, plus ou moins graves. Préjudice de 600.000 euros. L’assurance, la Maïf, a payé mais a juré qu’on ne l’y reprendrait plus et elle n’a pas voulu se réengager.

La maire de Denain est très en colère. Sa ville n’avait jusqu’ici quasiment rien coûté aux assurances... "Quand l'assurance n'a pas à intervenir, il n'y a pas de soucis. Par contre, dès qu'un incident se produit et qu'on a besoin d'aide, elle nous lâche. Je suis très déçue de cette attitude de non-engagement dans les territoires".

Aucune autre compagnie n’a voulu prendre le relai ?

La ville a lancé un appel d’offre, aucune n’a répondu. Les émeutes de 2023 ont fait tant de dégâts que le profil de Denain est devenu dissuasif. Et pour l’instant, les recherches auprès des courtiers n’ont rien donné.

Denain est donc sans filet de sécurité.

Oui, et elle est malgré elle dans l’illégalité, car les collectivités doivent assurer leurs bâtiments, comme vous et moi. C’est aussi périlleux pour les finances de la ville. Le moindre sinistre coûterait extrêmement cher à Denain, qui est une commune pauvre et qui n’aurait pas les moyens d y faire face seule. Evidemment, la mairie réfléchit à deux fois avant d’organiser quoi que ce soit qui pourrait présenter un risque qui ne serait pas assuré... Ca pénalise les habitants de Denain, dont beaucoup souffrent de la pauvreté. C’est le deuxième effet kiss cool du défoulement des casseurs et des voyous.

Est-ce qu’il y a une solution, pour Denain ?

Pour Denain et de nombreuses autres petites villes qui, comme elles sont privées d’assurances après les émeutes ou qui ont vu les primes devenir stratosphériques. La Gazette des Communes a consacré récemment une enquête à ces communes naufragées de l’assurance. Il y a d’ailleurs une mission parlementaire en cours pour évaluer le phénomène. Dans les Hauts de France, le président de la région Xavier Bertrand a appelé l’Etat a prendre ses responsabilités et à accompagner mieux les collectivités territoriales dans l’impasse. Elles ne sont pas responsables des émeutes ! Gabriel Attal, qui a reçu les maires concernés leur a promis des solutions dans le courant du mois de mai.