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Transformer le salarié en actionnaire de sa propre entreprise, c'est l'idée du ministre des Comptes publics Gérald Darmanin qui veut généraliser l'actionnariat salarié. Une initiative qui permet aux salariés de prendre en main la destinée de l'entreprise et d'en récupérer des bénéfices. Mais attention, une faillite entrainerait chômage et perte des économies pour les salariés concernés. 

Gerald Darmanin veut généraliser l’actionnariat salarié. En quoi cela consiste exactement ?

On l’a beaucoup entendu pendant cette crise du coronavirus. Il faut revaloriser les bas salaires. Problème : si une entreprise augmente ses salaires, ses coûts vont augmenter et elle ne sera plus compétitive, elle perdra des clients. Donc comment faire ? Et bien, bingo. Puisqu’on ne peut donner plus de salaire aux travailleurs, on va leur donner des actions. Puisqu’aujourd’hui, on le dit partout, l’actionnaire est roi, on va transformer les salariés en actionnaires. C’est l’actionnariat salarié.

Une idée très "gaulliste" effectivement, comme le dit Gerald Darmanin, puisqu’elle plait aux gens de droite. Il s’agit d’intéresser financièrement les travailleurs à la bonne marche de l’entreprise. Et elle plait aux gens de gauche, puisque c’est une sorte de nationalisation citoyenne. Les travailleurs s’approprient l’outil de production. 

L’avantage est double. Les salariés récupèrent une partie des bénéfices, des dividendes. Et ils peuvent influer sur la marche de l’entreprise. Ils sont actionnaires, propriétaires. Ils peuvent exiger un tournant écologique ou refuser une OPA hostile. Comme c’est arrivé il y a 20 ans, lors de la tentative d’OPA de la BNP sur la Société Générale. Le refus des salariés actionnaires de la Société Générale a été décisif. Et la banque est restée indépendante. 

Si c’est la solution à tous les problèmes, allons-y. Pourquoi n’a-t-on pas déjà généralisé l’actionnariat salarié ? 

Il y a deux problèmes. D’abord, cela fonctionne surtout pour les grandes entreprises, cotées en Bourse. On ne va pas exproprier les petits patrons de PME. Et puis, autre inconvénient, imaginez que votre entreprise fasse faillite. Vous perdez votre salaire, et vos économies, vos actions. 

Donc, ça n’est pas LA solution, mais, c’est bien une réponse à cette question très pressante au lendemain du Covid-19. Comment mieux rémunérer les travailleurs sans casser la compétitivité de nos entreprises.