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Chaque matin, Axel de Tarlé décrypte l'une des actualités économiques marquantes du jour.

L'économie avec Axel de Tarlé. Les sanctions des Etats-Unis contre l’Iran vont-elles impacter les prix du carburant en France ?

Donald Trump durcit les sanctions : jusqu'à présent, huit pays (Chine, Inde, Turquie, Japon, Corée du Sud, Taiwan, mais aussi Grèce et Italie) pouvaient continuer à acheter du pétrole à l'Iran. Mais c'est fini, ces dérogations ne seront pas renouvelées. Ces huit pays n'auront donc plus le droit d'acheter du pétrole iranien - à parti du 1er mai - dans une semaine - sous peine de sanction américaine.

Et comment les Chinois ou les Indiens prennent-ils la chose ? Ils vont se plier au "diktat" américain ?

C'est sûr, cette extraterritorialité américaine passe très mal.  La Turquie a déjà fait savoir qu'elle n'entendait pas obéir aux injonctions de Washington.  En Chine, le ministère des Affaires étrangères a également fait savoir qu'il s'opposait "aux sanctions unilatérales des Etats-Unis" et entendait préserver ses relations avec Téhéran. Bon, il n'empêche, ce durcissement des sanctions auront un impact. D'ailleurs, hier, le baril de pétrole est monté, passant de 72 à 74 dollars.

Ça veut dire qu'il faut s'attendre à une nouvelle flambée du prix des carburants cet été ? 

Les prix sont malheureusement déjà repartis à la hausse. Selon le dernier relevé de l'Ufip, le sans plomb 95 a grimpé de 16 centimes depuis le début de l'année à 1,56 euro. On est revenu au prix d'octobre dernier qui avait déclenché le mouvement des "gilets jaunes".  Le gasoil lui, monte un peu moins : il a gagné 9 centimes, à 1,47 euro.

Et ça va continuer ? On va vers le litre à deux euros ?

Je n'ai pas de boule de cristal, mais a priori non. D'abord, Donald Trump a exactement le même problème avec ses électeurs, qui n'ont pas de gilets jaunes mais qui sont très sensible au prix des carburants. Et donc, dès hier, il a appelé l'Arabie Saoudite, qui en a sous le pied, à compenser cette disparition du pétrole iranien. Mais surtout, le communiqué de la Maison Blanche cite un autre pays qui va augmenter massivement sa production de pétrole, les Etats-Unis.

L'Amérique produit comme jamais du pétrole de schiste. D'ici deux ans, le pays sera même exportateur net de pétrole. L'Agence Internationale de l'Energie estime que dans cinq ans, la production américaine aura augmenté de quatre millions de barils jours, c'est plus de deux fois la production iranienne. On le voit, avec le progrès technique, les nouvelles technologies. On pompe toujours plus de pétrole sur terre. Cette idée de la fin prochaine du pétrole ne tient pas la route.

C'est évidemment un cadeau empoisonné, car cela veut dire que ce n'est pas par les prix, mais par la loi - avec des interdictions - qu'on sortira du tout pétrole.