Carrefour quitte la Chine : "L'heure n'est plus à la conquête mais au repli stratégique, voire même à la défense"

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Chaque jour, Axel de Tarlé fait un point sur l'économie.

 

Carrefour se désengage de Chine. C'est une vraie déconvenue pour le champion français de la grande distribution.

C'est le moins que l'on puisse dire ! Carrefour s'était implanté en Chine en 1995, c'était l'époque triomphante : le groupe était alors numéro deux mondial de la grande distribution derrière Walmart, et plantait son drapeau partout dans le monde. Carrefour possédait pas moins de 210 hypermarchés en Chine. Mais 24 ans plus tard, c'est une véritable désillusion !  Carrefour ne pèse que 3 % du marché en Chine et il perd de l'argent : 30 millions l'an dernier. Le groupe siffle donc la fin de la partie et vend 80 % de sa filiale chinoise.

L'aventure s'est révélée plus difficile que prévu, avec un gouvernement qui favorise ses acteurs locaux. Mais Carrefour n'est pas le seul, Peugeot-Citroën connait les mêmes désillusions. Pourtant, Peugeot est arrivé très tôt, dans les années 1980, mais le Français ne pèse que 0,5 % du marché. La Chine, n'aura pas forcément été un eldorado. Et l'avenir s'annonce compliqué, car les Chinois sont devenus très bon. En matière de e-commerce ils sont même en avance avec le paiement par reconnaissance faciale. Donc, Carrefour n'a plus grand chose à apporter.

L'heure n'est plus à la conquête de la Chine, mais au repli stratégique, voire même à la défense. Aujourd'hui, on redoute au contraire l'invasion des Chinois. L'état d'esprit a complètement changé en 25 ans.  La Chine représente plus une menace qu'une opportunité. D'une façon générale : il ne s'agit plus de conquérir le monde, mais de s'en protéger. La démondialisation est en marche et l'Europe se barricade. Carrefour en est une illustration et son modèle très consumériste et expansionniste du 20ème siècle a vécu. Carrefour doit aujourd'hui se réinventer et donc se replie sur ses bases.

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