Newen : TF1 se positionne, France Télévisions réagit

Le fait média du jour, Jérôme Ivanitchtenko 30.10.2015 1280x640 3:22
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Le groupe TF1 est entré "en négociation exclusive" avec la société française Newen. France Télévisions a réagit fermement au projet de prise de contrôle de la société de production Newen par TF1.

Le fait média du jour, c’est TF1 qui veut racheter Newen, la société qui produit Plus belle la vie ou encore Faites entrer l’accusé. Une annonce qui a surpris tout le monde hier et qui a provoqué quelques remous, notamment du côté de France Télévisions.

Pour commencer : Newen, c’est quoi ?

C’est un groupe de production audiovisuelle qui fournit des programmes à toutes les chaînes du PAF. Il regroupe quatre filiales : TelFrance, Capa, Be Aware et 17 juin Média. Ces noms, ils ne vous disent sans doute pas grand-chose.

En revanche, si je vous dis Faites entrer l’accusé, Les Maternelles, Le Magazine de la santé. Si je vous dis Harry, Candice Renoir, Braquo et surtout si je vous dis Plus belle la vie… Là, ça vous parle certainement un peu plus.

C’est donc le même producteur qu’on retrouve derrière tous ces programmes.

Newen, c’est 1300 heures de d’émissions produites chaque année, ce qui en fait le 3e groupe français en volume de programmes produits. Son chiffre d’affaires est estimé à 200 millions d’euros.

C’est donc un acteur essentiel, incontournable, sur le marché audiovisuel, un mastodonte sur lequel TF1 jette son dévolu, à travers cette annonce de rachat.

La transaction pourrait aboutir dans les prochaines semaines, mais pour l’heure : aucun chiffre sur son montant.

Pourquoi TF1 lance cette offensive ?

Alors, c’est d’abord pour bénéficier d’un catalogue très étoffé de programmes : Des magazines, des séries, des fictions… Newen est présente sur tous les fronts.

A terme, le groupe TF1 espère pouvoir les rapatrier et les diffuser sur ces antennes. C’est ce que Thomas Joubert nous disait déjà hier matin. Un producteur possède les droits de diffusion des programmes qu’il fabrique et donc on pourrait retrouver Faites entrer l’accusé sur TMC ou Plus belle la vie sur NT1.

A une condition tout de même : renégocier les contrats passés avec les chaînes qui diffusent actuellement ces programmes.

Mais le groupe TF1 pourra aussi se contenter de les distribuer et même de les vendre à l’étranger. Cette transaction, c’est donc un signe des temps. Le marché publicitaire est de plus en plus concurrentiel. Les chaînes cherchent de nouvelles ressources, elles tentent de diversifier leurs activités. Intégrer une société de production, c’est aussi trouver une nouvelle source de revenus.

Et puis, c’est aussi pour le groupe TF1 l’occasion de mettre la main sur une structure de production déjà très organisée qui bénéficie d’une grande expérience.

Ça peut rendre quelques services pour développer  en interne  de nouveaux programmes et notamment des fictions ou des séries.

C’est sans doute ce qui a convaincu définitivement TF1 de se lancer dans cette opération3. D’autant que le groupe dispose des moyens pour le faire notamment depuis qu’elle a revendu sa chaîne Eurosport pour un peu moins d’un milliard d’euros.

Cette annonce du rachat de Newen par TF1 a agacé particulièrement France Télévisions.

Dès l’annonce de ces négociations, le groupe public a réagi de manière quasi épidermique.

Un communiqué est tombé hier dans les rédactions. La présidente de France Télé, Delphine Ernotte rappelle que le groupe est le plus gros "client" de Newen. Il lui assure même les deux tiers de ses revenus.

Pour elle, si TF1 rachète Newen, il rachète donc un savoir-faire qui, en quelque sorte, appartiendrait intellectuellement à France Télévisions.

Delphine Ernotte ne l’accepte pas : elle et furax et elle tape du poing sur la table.

Dans ce communiqué, elle annonce que France Télé suspend immédiatement tous ses projets avec le groupe Newen.

Cette question, d’autres doivent se la poser ce matin. Canal+ par exemple qui se prépare à diffuser Versailles, une série produite par une filiale de Newen. Il semble assez inconcevable de voir Vincent Bolloré commander des productions à une société qui appartient à TF1 et donc signer de gros chèques à un concurrent direct.