Le fait média du jour, Jérôme Ivanitchtenko 25.03.2016 1280x640 3:10
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La chaîne cryptée serait prête à signer un très gros chèque d'un milliard et demi d’euros sur 5 ans pour devenir le distributeur exclusif de la chaîne de sport qatari.

Le fait média du jour, c’est le rapprochement entre Canal+ et beIN Sports. La chaîne cryptée serait prête à signer un très gros chèque d'un milliard et demi d’euros sur 5 ans pour devenir le distributeur exclusif de la chaîne de sport qatari.

Concrètement, quelles conséquences pour le téléspectateur ?

A l’antenne d’abord, pas de changement. Le rapprochement entre les deux meilleurs ennemis du PAF, c’est une alliance économique, un accord de distribution, ce n’est pas un rachat.
Cela signifie que Canal+ et beIN resteront des entités bien distinctes et qu’elles garderont leurs dispositifs d’antenne en l’état. Surtout elles conserveront les droits sportifs qu’elles ont acquis chacune de leur côté, et notamment sur le football, le nerf de la guerre dans la lutte pour la diffusion du sport à la télé.
Canal+ détient toujours les droits de trois matches de Ligue 1 par journée de championnat. sept matches en direct pour beIN, jusqu’en 2020, au prochain appel d’offre, ça ne changera pas.
Même chose pour la Ligue des Champions. Canal+ gardera toujours le choix prioritaire d’un seul match par journée, beIN héritant du reste de la compétition. Ce rapprochement n’est donc pas synonyme d’une centralisation des matches sur l’une des deux antennes. Chacun reste propriétaire de ce qu’il possède déjà.

Pour bénéficier de l’offre la plus complète possible, le téléspectateur devra donc continuer de s’abonner, à la fois à Canal+ et à la fois à beIN Sports. Il devra continuer d’utiliser sa zapette pour suivre les matches ou les compétitions diffusées sur l’une ou sur l’autre.

Ce qui devrait changer en revanche, c’est le prix à payer.

Aujourd’hui, un abonné doit débourser 39,90 euros par mois pour accéder à Canal+ quand un abonné à beIN Sports dépense 13 euros par mois.
Si vous êtes totalement accro au sport et que vous avez souscrit aux deux, vous faites l’addition, ça porte votre facture mensuelle à 53 euros.
Avec ce rapprochement, ça devrait changer et plutôt dans le bon sens, pour une fois.

BFM Business annonçait hier que Canal+ devrait proposer une offre couplée à la baisse autour de 45 euros.

Enfin, la chaîne cryptée ne pourra pas obliger le téléspectateur à s’abonner à son service si celui-ci veut seulement pouvoir regarder beIN. En effet, si Canal+ devient le distributeur exclusif de la chaîne, ça signifie seulement qu’elle empochera le montant des abonnements, qu’ils proviennent de ses propres abonnés, ou qu’ils proviennent des abonnés à d’autres fournisseurs d’accès à internet.
C’est un point essentiel du projet de Canal+. Un point sur lequel l’Autorité de la Concurrence sera particulièrement attentive. Elle veillera à ce que ce rapprochement ne soit pas synonyme de vente forcée.

Le gendarme de la concurrence qui se prononcera prochainement sur la validité de ce rapprochement.

Le dossier est actuellement sur le bureau de l’organisme "anti-trust". Il devrait se prononcer d’ici la fin du mois d’avril sur la faisabilité ou non de cet accord et notamment sur la position de monopole de cette nouvelle entité. Si vous additionnez les droits sportifs détenus par Canal+ et ceux détenus par beIN Sports, cela représente 80% de l’offre totale de sport à la télévision.

Une situation qui inquiète les fédérations sportives qui négocient leurs droits avec les diffuseurs et qui craignent la fin d’une surenchère effrénée qui remplissait généreusement leurs caisses jusqu’ici.

Pour réaliser cette opération, rappelons que Canal+ serait prête à signer un énorme chèque : 1,5 milliard sur 5 ans. Un investissement colossal qui n’a qu’un objectif : enrayer l’hémorragie du nombre de ses abonnés. Elle espère même pouvoir en gagner.