Anicet Mbida nous offre chaque matin ce qui se fait de mieux en matière d'innovation.
Bonjour Anicet Mbida. L’innovation de ce matin devrait plaire à Géraldine Woessner (notre spécialiste du vrai/faux). Puisqu’il s’agit d’un algorithme capable de détecter si une photo a été manipulée ou pas.
Cela devenait nécessaire. Avec un outil comme Photoshop, il est devenu tellement simple d’enlever un intrus d’une photo, d’ajouter un objet ou carrément de remplacer une tête par une autre, que n’importe qui peut fabriquer de fausses photos parfaitement crédibles et inonder les réseaux avec. On dirait que chez Adobe, le créateur de Photoshop, on a eu quelques scrupules. Puisqu’ils viennent d’annoncer travailler sur un "anti-Photoshop". Donc c’est un peu le pyromane qui se transforme en pompier. Puisqu’ils ont mis au point une sorte de mouchard capable de nous dire "Attention ! On a enlevé ou on a modifié quelque chose à cet endroit précis". Ou encore, "Non, cet objet n’existait pas. Il a été collé".
Comment ils font pour savoir que l’image a été manipulée ?
Avec Photoshop, ce sont les champions de la manipulation d’image. Donc ils connaissent parfaitement toutes les traces que laisse leur logiciel sur les photos.
Et puis, il faut savoir que même si la retouche est parfaite, même si rien n’est visible à l’œil nu, en zoomant dans l’image, on pourra quand même retrouver de petites incohérences mathématiques.
Il se trouve que chaque objectif de caméra génère des défauts, souvent imperceptibles, dans la variation des couleurs. Or ces défauts sont uniques. Donc si on copie un morceau d’image sur une autre, ou si on déplace un objet sur la photo, ces fameux défauts de variation de couleurs ne seront plus cohérents avec le reste de l’image. C’est ce qui permet de savoir qu’il y a eu manipulation. C’est déjà la façon dont travaillent les légistes et les experts pour authentifier une photo. Avec l’algorithme d’Adobe, l’analyse se fera en une fraction de seconde.
C’est un outil que tout le monde pourra utiliser ?
Non. Dans un premier temps, il sera réservé aux professionnels, notamment aux organes de presse pour valider leurs photos avant de les publier. Mais les images sont déjà presque dépassées. Maintenant, ce sont carrément les vidéos que l’on manipule. Là aussi, on va avoir besoin d’outils, d’algorithmes "Géraldine Woessner" pour nous aider à séparer le vrai du faux.