François Clemenceau revient chaque matin sur un événement international au micro d'Europe 1 Bonjour.
La France organise aujourd’hui à Paris une conférence humanitaire pour venir en aide au Yémen sous le regard des ONG qui la supplient de mettre fin à son ambiguïté.
Ce sont en effet 16 des plus grandes ONG françaises et internationales qui, très officiellement, dans un communiqué conjoint rendu public hier, demandent au gouvernement français deux choses. La première, c’est d’utiliser toute son influence et ses relations avec les trois belligérants (l’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis et l’Iran) pour trouver une solution pacifique à ce conflit et permettre au moins un accès total aux populations civiles qui souffrent le martyr dans cette guerre très peu médiatisée.
Et la deuxième, c’est de cesser de vendre des armes à l’Arabie Saoudite et aux Emirats. Les ONG notent que le gouvernement devait d’ailleurs rendre son rapport annuel sur ses exportations d’armements à l’organisation du Traité sur le commerce des armes ainsi qu’au Parlement et que ce n’est toujours pas le cas.
Et que répond-on au Quai d’Orsay et au ministère des armées ?
Que le retard n’est pas volontaire et que le rapport sera publié d’ici la fin du mois et fera l'objet d'une audition de la ministre des armées le 4 juillet par la commission de la défense du Sénat. Sur le fond en revanche, on explique que les armements vendus à l’Arabie saoudite (à la Marine et à la Garde Nationale) ne sont pas utilisés dans le conflit en Yémen, et que ceux vendus aux Emirats sont de nature défensive, comme les chars Leclerc qui serviraient à défendre les positions et les bases de leurs troupes.
En ce qui concerne l’arme aérienne des Emirats, à moitié américaine et à moitié française, on rappelle à Paris que c’est évidemment elle la plus surveillée dans la mesure où elle peut entraîner des dommages collatéraux importants. Les services français disposent d’informations sur pratiquement chacune des frappes pour vérifier qu’il n’y a pas de frappe intentionnelle visant les civils en soulignant que c’est bien cette pratique de viser les civils qui est illégale au regard du droit et des conventions internationales.
Mais j’imagine que pour les ONG, ce genre de discours ne passe pas…
C’est normal, parce que c’est leur rôle de faire la promotion de la prévention des conflits et de défendre les victimes et elles ont raison d’insister. Le gouvernement leur répond que cesser de vendre des armes aux pays du Golfe revient à s’interdire de pouvoir les influencer. Et que si ce n'est pas la France qui livre, ce seront des pays encore moins regardants alors que pas grand monde ne fustige l'Iran qui fournit les Houthis en missiles et en artillerie. Bref, c’est un domaine où la zone grise est assez mouvante et où l’éthique et l’efficacité, l’angélisme et le réalisme se côtoient en permanence.