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Le député écologiste Matthieu Orphelin a présenté une proposition de loi intitulée "Loi Evin Climat" visant à interdire la publicité de certaines marques polluantes. Il s’agirait carrément d’interdire progressivement les campagnes pour les marques de voitures à essence ou diesel ou encore pour les compagnies aériennes. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

C’est le branle-bas de combat dans le monde de la publicité. De plus en plus de voix en effet s’élèvent pour l’interdire sur toute une liste de produits.

"Interdire", beaucoup d’écologistes n’ont que ce mot à la bouche en ce moment. Interdire les voyages en avion, interdire les voitures à essence, interdire les prêts bancaires aux secteurs qui émettent trop de CO2 etc. Derrière ces interdits, il y a l’espoir de moins de croissance, voire la décroissance idéalisée par certains. L’espoir, car au bout du compte, moins de croissance, c’est moins d’émissions de gaz à effet de serre. Bref, il faut interdire pour protéger la planète. CQFD.

Et donc, dans la liste, interdire ce qui incite à consommer.

C’est-à-dire la publicité. Bien oui, c’est logique et c’est l’objet de la proposition de loi du député écologiste Matthieu Orphelin, un texte surnommé "loi Evin Climat". La loi Evin remonte à 30 ans et visait déjà à interdire la pub sur le tabac et à limiter celle sur l’alcool. Mais là, avec ce texte inspiré par la convention citoyenne sur le climat, on irait beaucoup plus loin puisqu’il s’agirait carrément d’interdire progressivement les campagnes pour les marques de voitures à essence ou diesel ou encore pour les compagnies aériennes. Et d’une manière générale d’interdire les pubs pour tous les produits les plus polluants. Ce serait un séisme économique puisque rien que l’automobile représente 3,5 milliards d’euros d’investissements publicitaires. Derrière, c’est toute l’économie déjà fragile des médias qui serait compromise.

La ministre de la Transition écologique, Barbara Pompili, prépare aussi un texte de loi sur le sujet.

Oui avec la même philosophie de l’interdiction qui pose un double problème. D’abord c’est infantilisant. Après tout, chacun est capable de juger de l’impact de sa consommation sur l’environnement, les consommateurs sont adultes et de plus en plus attentifs au sujet. Par exemple, les ventes de voitures diesel baissent depuis plusieurs années sans que l’on ait eu besoin d’interdire la pub. La publicité contribue accessoirement à orienter les choix vers des véhicules moins polluants. Deuxième problème, il n’y a eu aucune étude d’impact pour évaluer les conséquences économiques de telles mesures d’interdiction. Le secteur de la publicité, ce sont des dizaines de milliers d’emplois et des champions français de rang mondial comme Publicis ou Havas. La crise du Covid a mis à plat le secteur et plus largement celui des médias. Nul besoin d’un coup de massue supplémentaire…