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Ce lundi, le gouvernement a présenté son budget pour 2021. Tout y est hors norme et les dépenses sont considérables pour sauver l'économie du pays "quoi qu'il en coûte" après la crise du Covid. Ce pendant, il y a peu de chance qu'il soit tenu et certaines dépenses qui semblent inévitables, comme le chômage partiel, ont été oubliées. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Tout est hors norme dans le budget présenté ce lundi par le gouvernement. Au point qu’il y a peu de chances que les scénarios de dépenses et de recettes soient tenus.

C’est un budget construit sur des sables mouvants. Les entreprises qui font aussi en ce moment leurs budgets pour l’an prochain se posent la même question : est-ce qu’on fait un budget en prenant l’hypothèse que la crise du Covid sera terminée l’an prochain ou qu’elle repartira ? C’est la première hypothèse qui a été retenue, après tout, on ne sait pas comment évoluera la pandémie. Mais du coup, Eric Woerth, le président de la Commission des finances à l’Assemblée a beau jeu de parler de "budget zombie" puisqu’en effet, les bases sur lesquelles repose ce budget 2021 sont très aléatoires.

Ce que l’on peut retenir quand même, c’est que les vannes sont grand ouvertes.

Oui et ça donne franchement le vertige. Remarquez le changement de paradigme. Avant le Covid, augmenter les dépenses c’était mal, c’était le signe que l’on ne savait pas tenir les comptes de la nation. Maintenant, augmenter les dépenses, c’est bien, le signe qu’on fait tout pour sauver l’économie de la nation, "quoi qu’il en coûte" comme a dit le président. Donc on y va. Les crédits des ministères vont bondir de plus de 11 milliards. L’écologie : +5,6%. La défense : +4,5%. La Justice : +8%. L’enseignement : +2,6%. La culture : +3,7% etc. Il faut ajouter que malgré ces largesses, il risque fort d’y avoir des dépenses imprévues. Par exemple le budget pour l’an prochain ne prévoit rien pour le chômage partiel, ce n’est pas très prudent.

Les dépenses s’envolent mais c’est pour éviter l’effondrement de l’économie.

Sur deux ans, la France va perdre 370 milliards de richesses. C’est l’équivalent d’une économie comme Israël qui se serait évaporée. C’est un appauvrissement considérable de près de 6.000 euros par Français. Cela justifie en effet une augmentation des dépenses publiques pour atténuer le choc. La France, pour financer tout cela, va emprunter 260 milliards sur les marchés financiers. Contre 200 milliards avant le Covid. Mais le défi ensuite va être de revenir dans les clous. De réduire les dépenses quand l’économie ira mieux, de rétablir les comptes de la Sécu, de commencer à se désendetter pour éviter que la dette ne devienne insoutenable. Ce sympathique programme, c’est celui qui devra s’appliquer à partir de 2022, pour le prochain quinquennat.