Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.
Bercy a dévoilé hier le cadrage du budget pour l’année prochaine. Coïncidence, l’Allemagne a fait la même chose, et la comparaison est cruelle.
Le débat en Allemagne c’est "que va-t-on faire des 30 milliards d’euros d’excédent du budget accumulés ?". C’est énorme 30 milliards, c’est pratiquement le montant du budget de la Défense. Au sein de la coalition, on s’étripe pour savoir quoi faire de tout cet argent. Les Allemands pourraient baisser les impôts, mais non, en tout cas pas tout de suite. Le plus gros devrait aller à la réduction de la dette. Sachez-le, l’État allemand n’empruntera pas un centime d’euro l’an prochain et la dette va passer sous le seuil de 60% du PIB.
LIRE AUSSI - Excédent budgétaire record en Allemagne
LIRE AUSSI - Emmanuel Macron critique le "fétichisme" allemand pour les excédents budgétaires
On est loin de la France.
C’est un autre monde chez nous où la dette frôle les 100% du PIB. C’est un sacré boulet que nous laissons à nos enfants. Et puis nous avons toujours un mal fou à réduire la dépense publique. Le déficit sera de 2,8% du PIB l’an prochain. On est sous le seuil de 3%, certes, mais à peine.
Ce que montre ce projet de budget, au fond, c’est combien il est difficile de tenir nos objectifs. On ne dit pas que ce gouvernement ne fait pas d’efforts mais les chiffres sont têtus. Au printemps, il y a moins de six mois, nous promettions à Bruxelles un déficit de 2,3% cette année et 2,4% l’an prochain. Finalement, ce sera 2,6% et 2,8%. C’est terrible, ça dérive toujours. Même chose pour la dette : on promettait 96,4%, ce sera 98,7%.
On ne peut pas s’empêcher de déraper ?
Avec toujours de bonnes raisons pour expliquer pourquoi on n’y arrive pas. La croissance plus faible que prévu. La dette de la SNCF qu’il faut réintégrer dans les comptes de l’État. On ne sort pas facilement de 45 ans de suite de déficit.
Lire l’article des Échos - Le gouvernement allemand divisé sur l'utilisation de sa cagnotte budgétaire