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Chaque matin, Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique

La fiscalité a été un des thèmes dominants du Grand débat national. Le plus dur reste à faire : répondre aux attentes en la matière et le terrain est miné.

Et comment ! Dans un pays où il y a plus d’impôts que d’espèces de fromage (la Cour des comptes a par exemple 233 prélèvements rien que sur les entreprises), dans un pays, surtout, qui est le champion du monde des prélèvements obligatoires, forcément, la matière fiscale est explosive. Alors vous vous souvenez peut-être, ou je vous le rappelle, que quand il a lancé son grand débat avec sa lettre aux Français, Emmanuel Macron avait pris soin de cadrer les choses avec deux questions qu’il faut bien avoir à l’esprit maintenant que l’on sort du Grand débat.

Quelles étaient ces deux questions ?

Tout d’abord, comment rendre la fiscalité plus juste et plus efficace ? Ensuite, quels impôts faut-il baisser en priorité ? Déjà, on voit qu’il y a comme un risque de contradiction entre les deux. Rendre la fiscalité plus juste, beaucoup de gens traduisent : on augmente les impôts des plus riches. Or, évidemment, c’est contradictoire avec l’idée de baisser les impôts. Alors côté fiscalité plus juste, il fallait s’y attendre, on a eu droit à un festival. Même les ministres s’y sont mis: raboter les niches fiscales (une idée testée par Gérald Darmanin), taxer davantage les plus grosses successions, alourdir l’impôt sur la fortune immobilière qui vient à peine d’entrer en vigueur (ça c’est une idée de la République En Marche), créer une nouvelle tranche marginale de l’impôt sur le revenu (une idée poussée par la CFDT), revoir la réforme de l’ISF pour exonérer moins de choses (une idée de François Bayrou à ce micro) etc. Bref, des tas d’idées pour alourdir la fiscalité des plus aisés.

Ce qui cadre mal avec l’objectif de baisser les impôts ?

Effectivement, il va donc falloir que le gouvernement nous dise ce qu’il en fait de toutes ces pistes de hausses d’impôt. On se souvient que le mouvement de contestation a démarré cet automne sur fond de ras-le-bol fiscal. Il serait paradoxal que l’on en sorte en alourdissant certains impôts. Quant aux impôts à baisser en priorité, la voie de sortie n’est pas non plus évidente pour l’exécutif. Une idée a souvent été avancée pendant le grand débat : la TVA à taux zéro pour les produits de première nécessité. Problème : elle est impossible à mettre en œuvre aujourd’hui en Europe, à moins de négocier un accord avec tous les pays européens. Conclusion : il aura été beaucoup question de fiscalité pendant ce grand débat. Beaucoup de pistes ont été ouvertes. Certaines seront-elles retenues par le gouvernement d’Édouard Philippe ?