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Alors que les États-Unis vivent actuellement une élection beaucoup plus serrée que prévue, la division extrême du pays est une mauvaise nouvelle pour l’économie américaine. Cependant, cela devrait favoriser la Bourse. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

L’extrême division politique des États-Unis qui ressort du scrutin va pénaliser l’économie et favoriser la Bourse. C’est un peu paradoxal, non ?

L’absence de "vague bleue" démocrate lors des élections américaines a été saluée dès l’ouverture de Wall Street par une hausse de près de 3%, tirée par le secteur technologique. Les Gafa respirent, Facebook a bondi de 8% et Google de 7%. Pourquoi ? Parce que privés de la nette majorité dont ils avaient rêvé au Congrès, les Démocrates, s’ils l’emportent, ne pourront pas durcir la régulation des géants de la Tech ni alourdir la taxation des plus-values, redoutée par le secteur avant l’élection. Le mieux qui puisse arriver aux secteurs très dépendants de la régulation comme la Tech, la finance ou la pharmacie, c’est que le Congrès et l’exécutif soient paralysés et on y va tout droit quel que soit l’occupant de la Maison-Blanche.

Mais ce blocage politique qui se profile n’est pas bon pour tout le monde.

Non, notamment pour les secteurs qui avaient parié sur une large victoire démocrate pour relancer les travaux publics ou les énergies vertes. Une entreprise emblématique de ce secteur comme Caterpillar, les engins de chantier, a par exemple dévissé ce mercredi à Wall Street. Mais plus fondamentalement, cette situation de blocage politique à Washington va être pénalisante pour l’économie dans son ensemble pour plusieurs raisons. D’abord parce que l’on va connaître une période d’incertitude du fait des recours juridiques. Et si Joe Biden l’emporte, la transition avec l’équipe sortante sera chaotique. Ensuite parce que quel que soit le vainqueur, il n’aura ni la volonté, si c’est Donald Trump, ni le capital politique, si c’est Biden, pour imposer une stratégie nationale pour gérer la deuxième vague du virus. Or, cette cacophonie entre les États est dévastatrice pour l’Économie, pour le Commerce, pour la reprise. C’est d’ailleurs pour ces raisons que plusieurs instituts de conjoncture économique ont révisé à la baisse leur prévisions de rebond de la croissance pour l’an prochain, autour de 3,6%.

La prochaine administration américaine aura aussi du mal à conduire des réformes de fond.

Et c’est un point majeur. La pandémie a mis en évidence les faiblesses de la couverture santé de dizaines de millions d’Américains mais, avec un Congrès aussi divisé, il y a peu de chance que ce sujet avance. De la même manière, le nouveau plan de relance de l’économie, même en cas de victoire de Joe Biden, ne sera pas aussi ambitieux qu’on aurait pu l’imaginer, alors que les États-Unis ont de réels besoins de remise à niveau de leurs infrastructures. Et ce sont les générations futures qui paieront ces blocages.

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