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Donald Trump entretient des relations tumultueuses avec la Bourse. AVec ses tweets, il a souvent fait varier les marchés financiers qui parient désormais sur Joe Biden. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Depuis le premier jour de son mandat, Donald Trump a multiplié les tweets à chaque record de Wall Street. Wall Street qui, aujourd’hui, parie plutôt sur sa défaite.

S’il y a un sujet sur lequel Donald Trump n’a pas changé de ligne, c’est bien la Bourse. Une ligne simple : quand Wall Street monte, c’est grâce à lui, quand ça baisse, c’est de la faute des autres comme la Chine, la banque centrale ou le pétrole. Le fait est que pendant son mandat, la Bourse américaine a progressé d’un peu plus de 50%. Belle performance donc. Mais le fait est, aussi, qu’elle avait progressé dans les mêmes proportions sous son prédécesseur Barack Obama. En revanche, ce qui est plus ennuyeux pour le président sortant, c’est que Wall Street a connu au mois d’octobre sa pire performance depuis le printemps. Et jamais depuis 1932, les marchés américains n’avaient autant baissé la semaine précédant l’élection, avec une chute de 5,6%.

Faut-il y voir un mauvais présage ?

Ce n’est pas très bon en effet. 55% des ménages américains possèdent des actions, ils sont donc très sensibles aux évolutions de la Bourse et Trump a passé son temps à lier son sort aux indices boursiers. Début septembre, quand Wall Street a franchi les 29.000 points, il n’a pas pu s’empêcher de s’en attribuer le mérite dans un de ses 55.000 tweets : "vous avez de la chance de m’avoir comme président", écrit-il. En ajoutant qu’avec Joe Biden, "le marché s’effondrerait". Manque de chance, c’est ce qui s’est produit ces derniers jours. Or les milieux financiers, vous savez, adorent les statistiques. Et notamment celle-ci : lorsque l’indice S&P 500, le baromètre de Wall Street, baisse durant les trois mois précédant l’élection, le président candidat perd la Maison-Blanche. Cela s’est vérifié à tous les coups depuis la Seconde guerre mondiale sauf une fois, en 1956, avec Dwight Eisenhower, un républicain. Les statistiques sont contre Trump.

C’est un président qui a souvent essayé d’influencer la Bourse.

C’est un cas atypique voire unique dans l’histoire américaine. Le magazine Barron’s, la Bible des boursicoteurs américains, a passé en revue ses tweets et remarqué que c’est entre 6 et 9 heures du matin, avant l’ouverture des marchés, qu’il envoie le plus de tweets. Avec une influence directe sur la Bourse, par exemple lorsqu’il annonce des droits de douane sur les produits chinois, ce qui fait aussitôt chuter Wall Street. Pire, il tweet sur des sociétés cotées comme Ford, Boeing, Exxon Mobil, Harley-Davidson etc. pour en dire du bien ou du mal : si le tweet est positif, l’action gagne en moyenne 1,4% le jour même. S’il est négatif, elle perd un peu plus de 1%. Cela frise la manipulation de cours. C’est un délit mais Trump n’est pas à ça près.