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Le réseau électrique pourrait ne pas être suffisant et les coupures risquent d'être nombreuses en cas de grand froid cet hiver notamment après la fermture de la centrale de Fessenheim. Nicolas Barré fait le point sur une question d'actualité économique.

Les Français risquent de subir des coupures d’électricité cet hiver, surtout s’il fait très froid. La raison ? Une production électrique insuffisante.

Quand on dit cela, on pense bien sûr immédiatement à la fermeture des deux réacteurs de la centrale nucléaire de Fessenheim en juin dernier. On se pince ! Si nous nous retrouvons dans le noir en janvier ou en février prochain, il faudra se dire que l’on paie là cette décision très politique. L’arrêt de ces deux réacteurs de 900 mégawatts laisse un trou dans notre production d’électricité. Certes, ce n’est pas la seule raison du déséquilibre de production : il y a aussi le fait que certaines opérations de maintenance dans d’autres centrales nucléaires ont été retardées à cause de la crise sanitaire et qu’elles seront réalisées en 2021, ce qui va aussi réduire notre production nationale à un moment clé.

Cette situation relance les critiques de la fermeture de Fessenheim.

Il est évident que sans cette fermeture de Fessenheim, nous n’aurions pas eu de telles tensions sur le réseau. C’est mathématique. Mais certains sont encore dans le déni. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili en premier. Elle expliquait ce jeudi sur BFM que s’il doit y avoir des coupures cet hiver, c’est notamment parce que la France "dépend trop du nucléaire", c’est tout l’inverse. Et donc qu’il faut "diversifier le mix", c’est-à-dire nos sources d’énergie. En guise de diversification, on le sait, ce qui se passe en ce moment, c’est que l’on rallume des centrales à charbon pour remplacer l’arrêt de Fessenheim, c’est quand même un comble. Autre raison avancée des coupures redoutées cet hiver selon la ministre, nous n’économisons pas assez d’énergie. Cela revient à dire que si nous consommions moins d’électricité, EDF pourrait se permettre de produire moins. Mais économiser l’énergie, isoler sa maison, cela ne se fait pas en un jour.

Ce que dit RTE, l’organisme qui gère le réseau électrique en France, c’est qu’il va falloir s’habituer à ce risque de coupure d’électricité lorsque la demande est très forte.

RTE indique que "les situations de tension sur l’équilibre offre-demande sont aujourd’hui structurellement plus probables que par le passé". Traduction : "il y aura plus de risques de coupure à l’avenir". Pour des raisons de fond : la fermeture de nombreuses centrales au fioul et au charbon et celle des réacteurs nucléaires. Ce qui veut dire que notre pays qui, pendant des décennies, a parfaitement su planifier la demande d’électricité et a gagné son indépendance grâce au nucléaire, est en train de perdre cet atout stratégique. Une bonne politique énergétique se pense sur le long terme, nous avons très bien su le faire pendant longtemps en France. Hélas, ce n’est plus le cas.