Smic : la tendance n'est pas au coup de pouce

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L'hypothèse d'un coup de pouce en faveur des salariés payés le minimum légal s'éloigne. © PHILIPPE HUGUEN / AFP
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ARGENT - Le groupe d'experts chargé de conseiller le gouvernement préconise de ne pas augmenter le salaire minimum au-delà du minimum légal au 1er janvier prochain. 

A l'approche du 1er janvier, c'est une question qui intéresse de nombreux salariés : de combien le Smic va-t-il augmenter l'année prochaine ? Si le gouvernement n'a pas encore pris sa décision, le groupe d'experts chargé de le conseiller vient, lui, de trancher. Et sa décision ne fera pas que des heureux : d'après ses calculs, l'économie française ne s'est pas encore suffisamment remise pour accorder aux Smicards un coup de pouce au-delà de ce que la loi prévoit, affirme lundi Les Echos. Pour autant, le gouvernement n'est pas obligé de suivre cet avis, ce qu'une partie du PS l'invite à faire.

Comment est calculé le Smic ? Pour refléter l'évolution du niveau de vie, le salaire minimum est revalorisé chaque 1er janvier, en fonction de l'inflation et de l'évolution du pouvoir d'achat des ouvriers et des employés. L'inflation et la croissance étant actuellement très basses, le Smic a peu augmenté depuis 2012 mais le gouvernement peut en outre accorder un coup de pouce, c'est-à-dire décider d'une augmentation supérieure à ce que recommande la formule officielle de calcul. Pour vérifier la faisabilité d'un tel coup de pouce, le gouvernement sollicite chaque année l'avis d'un groupe d'experts, qui vient de rendre sa décision. 

Pas de marge pour accorder un coup de pouce. Dans leur rapport, les économistes estiment que la conjoncture s'améliore et que l'emploi est sur une bonne dynamique. Pour autant, la situation n'est à leurs yeux pas assez bonne, notamment le taux de chômage des jeunes, pour accorder un coup de pouce supplémentaire. Ils appellent donc à "la prudence et la modération" et justifient leur préconisation par le fait que "la conjoncture de l'emploi reste précaire" et que l'embellie actuelle est due "probablement plus aux mesures d'allègement du coût du travail qu'à la conjoncture économique". "Dans ce contexte, aller au-delà de la formule de revalorisation légale comporte un risque de déstabilisation", estiment-ils selon Les Echos. Dit autrement, un coup de pouce en plus de la revalorisation prévue risquerait de dégrader la compétitivité des employés français, voire de détruire des emplois.

Si cet avis pèse lourd dans la réflexion du gouvernement, ce dernier n'est pas pour autant obligé de suivre ses conseils et peut décider d'un geste politique. A moins qu'il ne suive un autre conseil de ce groupe d'experts : augmenter la prime d'activité plutôt que le Smic afin de mieux cibler les bénéficiaires de ce coup de pouce. Le gouvernement dévoilera sa position le 19 décembre prochain.

L'aile gauche du PS appelle à faire un geste. Représentante de l'aile gauche du PS et candidate à la primaire de son parti, Marie-Noëlle Lienemann n'a pas tardé à s'emparer du sujet : à ses yeux, le gouvernement devrait "ne pas suivre l'avis des experts qui déconseillent tout coup de pouce". Et la sénatrice socialiste de poursuivre, dans un communiqué intitulé "vite une hausse du Smic" : "ce serait bien la première fois dans l'histoire qu'un gouvernement de gauche n'aurait engagé durant tout un mandat aucune hausse des bas salaires et du salaire minimum, entretenant la fausse idée que la rémunération des salariés serait un handicap pour notre développement économique", écrit-elle.

Contrairement à ce qu'affirme Marie-Noëlle Lienemann, François Hollande avait accordé un "coup de pouce" au Smic lors de son arrivée à l'Elysée. Le salaire minimum avait augmenté de 2% au 1er juillet 2012, 1,4% au titre de l'inflation et 0,6% grâce au "coup de pouce". Depuis, le gouvernement s'est contenté, chaque année, d'appliquer la hausse mécanique du Smic, calculée en fonction de l'inflation et de la hausse des salaires.