L'usine de Flins pourrait être reconvertie. 3:47
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Le groupe Renault, fortement pénalisé par la pandémie, envisage un vaste plan de restructuration, avec notamment la fermeture de plusieurs usines en France. L'historien de l'automobile Mathieu Flonneau a estimé sur Europe 1 que le constructeur "est en rupture d'histoire" et se retrouve "à la croisée des chemins". 
INTERVIEW

L'avenir de Renault s'écrit en pointillés. Le groupe automobile, fortement pénalisé par la pandémie de coronavirus, envisagerait un vaste plan de restructuration, avec à la clé plusieurs fermetures d'usines et des licenciements. Pour l'historien Mathieu Flonneau, l'entreprise se retrouve désormais "à la croisée des chemins". "Renault est en rupture d’histoire industrielle, de conception et de projet. Le mérite de Jean-Dominique Senard (l'actuel patron) n’est pas forcément en cause, mais la crise qui était là avant le coronavirus se révèle aujourd’hui", a jugé l'historien de l'automobile.

L'usine de Flins, l'une des plus emblématiques de Renault en France, pourrait même être reconvertie. "C’est le symbole de la France des 30 Glorieuses, de la régie Renault qui ouvre en 1952 une usine modèle (à Flins), à l’architecture superbe. Il y a une désespérance de Boulogne-Billancourt (le siège de Renault, en banlieue parisienne, ndlr) qui est ancienne, mais désormais il y a même une désespérance dans des endroits où la recherche et développement de la marque est en jeu", a déploré Mathieu Flonneau. 

"Renault était un symbole de gauche" 

L'historien a rappelé l'importance majeure de Renault dans le paysage industriel et économique français depuis des décennies, qui en ont fait l'une des entreprises les plus emblématiques du pays. "Renault a été le lieu du contrat social français progressiste des 30 Glorieuses. Il y a eu des congés payés accordés par la révolte des ouvriers de Billancourt, il y avait un progrès social partagé que l’automobile pouvait incarner. Renault était un symbole plutôt de gauche, dans une automobile qui était le symbole des nationalisations après 1945. Mais ces clivages politiques ont été redessinés avec le mondialisation", a constaté Mathieu Flonneau. 

"Aujourd’hui, la crise écologique est là et la place de l’automobile est en question. Renault souffre peut-être plus que d’autres parce que la stratégie a été brouillée, indiscutablement", a jugé l'historien. "Cette conversion (à la voiture électrique) doit être écologiquement, mais aussi économiquement et socialement soutenable. C’est l’enjeu de Renault en ce moment", a conclu Mathieu Flonneau.