Le gouvernement espère faire de la relance une occasion de verdir l'économie française. 3:47
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Romain David , modifié à
Invité dimanche d'Europe 1, l'économiste Éric Heyer est revenu sur le plan de relance présenté par le gouvernement. S'il salue la volonté de mettre en place une nouvelle forme de croissance, qui ne soit pas arc-boutée sur les acquis d'avant la crise, il s'interroge toutefois sur la capacité du gouvernement à 'décarboner' la production industrielle.
INTERVIEW

"La France de 2030 est l’objectif principal de ce plan de relance", a expliqué Bruno Le Maire à l’occasion de son passage dans Le Grand Rendez-vous, sur Europe 1 dimanche. Le ministre de l’Economie s’est évertué à démontrer comment les mesures présentées dans la semaine par le Premier ministre Jean Castex allaient permettre au pays de surmonter la crise déclenchée par le Covid-19 à travers une transformation de l’économie à la faveur d’une transition verte. "Il y a des éléments qui vont dans la bonne voie. Ce plan n’essaye pas de reproduire dans les années à venir la croissance d’hier, ce qui est plutôt un bon signal", relève, également sur Europe 1, Éric Heyer, le directeur du département analyse et prévision de l’Observatoire français des conjonctures économiques.

"La transition écologique fait bien partie de ce plan, de même que la cohésion sociale et la formation", remarque encore cet économiste. Pour autant, il estime que le double objectif affiché par le gouvernement, c’est-à-dire relancer la compétitivité et répondre aux enjeux environnementaux, trahit une certaine antinomie. "Relancer coûte que coûte la compétitivité, est-ce cohérent avec le souci de verdir la production ?", interroge Éric Heyer.

"Des effets d’aubaine"

Il regrette également la non prise en compte de la manière dont chaque entreprise a vécu la crise jusqu'à présent. "On veut faire du généralisé, alors qu’il aurait fallu faire du très spécifique", explique Éric Heyer. "Dans le plan actuel, il faut prendre en compte le fait que l’on a déjà indirectement aidé les entreprises avec le chômage partiel. Mais l’on n’a pas aidé toutes les entreprises, et certaines sont en grande difficulté. Là, il aurait fallu faire le tri entre celles en grande difficulté et celles qui ont déjà été aidées avec le plan d’urgence lancé au début de la crise sanitaire", pointe notre économiste.

En conséquence, "il peut y avoir des effets d’aubaine, avec des entreprises qui ne sont pas en grande difficulté, ne veulent pas 'décarboner' leur production, et vont tout de même bénéficier de ces aides", alerte Éric Heyer.