Réforme du travail : ce qu'il faut retenir de la première rencontre entre les syndicats et Emmanuel Macron

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Emmanuel Macron, ici avec Philippe Martinez (CGT), a rencontré les leaders syndicaux mardi. © Michel Euler / POOL / AFP
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avec Agences , modifié à
A l’issue de la première journée de discussion avec le président de la République, les syndicats de salariés ont axé leurs revendications sur la nécessité d’un temps de concertation allongé.

Le premier bal des partenaires sociaux a eu lieu mardi à l’Élysée. Tout au long de la journée, le président Emmanuel Macron a reçu pour de courts entretiens les chefs de file des principaux syndicats et du patronat. Avec eux, il a évoqué sa réforme du travail, qu’il veut promulguer par ordonnances cet été. A la sortie, les principaux leaders syndicaux se sont montrés prudents, réclamant surtout un calendrier de réforme allongé. Au contraire, les représentants des patrons ont demandé à Emmanuel Macron d’aller vite.

Discours de la méthode. C’est Laurent Berger qui a ouvert le bal des rencontres bilatérales à 9h. En sortant de réunion, le leader de la CFDT a affirmé avoir senti le chef de l'État "déterminé à mettre en place ce qu'il avait annoncé" mais "aussi à l'écoute". Le leader syndical attend néanmoins de voir "dans les faits" ce qu'il en sera, car Emmanuel Macron n'est pas "rentré dans le détail" de sa réforme. "On a plus discuté de la méthode que du fond",  a-t-il dit. Pas vraiment friand des ordonnances, Laurent Berger a redemandé au président "que la méthode ne soit pas à la hussarde" et laisse "le temps suffisant à la nécessaire concertation". "Tout régler d’ici la fin de l’été me semble impossible", a conclu Laurent Berger.

Prendre le temps nécessaire. Le temps était également la priorité de Philippe Martinez. Le numéro un de la CGT est ressorti de son entretien à l’Élysée avec l'impression que le calendrier du gouvernement sur la réforme du code du travail avait "bougé". "Je n'ai pas de date mais j’ai cru comprendre que l'agenda rapide qui était prévu n'est pas aussi rapide que ce que j'avais cru comprendre initialement. L'échéance de fin août ou du 1er septembre a l'air plus floue. Le timing me semble plus long que prévu", a déclaré Philippe Martinez, ajoutant qu’une durée de concertation allongée serait une "bonne chose".

"J'espère que ça se détend un peu (sur le calendrier), mais ce n'est pas encore sûr", a tempéré Jean-Claude Mailly peu après son confrère. "J'ai senti qu'a priori, il y a des marges de manœuvre. A confirmer dans les jours à venir", a poursuivi le numéro un de FO, ajoutant qu’il faudrait "éviter de faire des ordonnances en plein été". L’Élysée a précisé, suite aux sorties des leaders syndicaux, que les discussions de la matinée ne portaient pas sur le calendrier et qu’il appartiendra au Premier ministre et à la ministre du Travail de fixer la date de bouclage de la réforme du droit du travail.

"Prise de contact". La réunion avec le président "était une prise de contact, pas le début de la négociation", a indiqué Philippe Martinez, appelant pour la suite à une négociation "loyale", où on ne doit "pas découvrir des textes dans la presse". "Certains sujets méritent plus de débat qu'une demi-heure sur un coin de bureau. On n’est pas d’accord, mais au moins on a échangé", a expliqué le syndicaliste.

La CGT prête à se mobiliser. Alors que certains syndicats menacent d'une nouvelle mobilisation si le gouvernement passe en force, le porte-parole du gouvernement, Christophe Castaner, les a prévenus qu'ils n'avaient "pas le droit de bloquer la France". "Un ministre, il dit ce qu'il veut. Les salariés, ils font ce qu'ils veulent", lui a rétorqué Philippe Martinez, jugeant nécessaire que "les salariés se fassent entendre". Le numéro un de la CGT a laissé entendre qu’il pourra mobiliser des salariés en masse à la rentrée si nécessaire : "En général quand ils reviennent de vacances ils sont en pleine forme".

Le patronat veut aller vite. De son côté, le président du Medef, Pierre Gattaz, a pressé Emmanuel Macron de mener des réformes fortes et rapides qui permettront de redresser la confiance et donc l'économie. Après un entretien avec le chef de l'État, le "patron des patrons" a estimé que "la réforme du marché du travail devrait aller vite". "Je crois que c’est essentiel d’aller vite sur ce gros problème français. Il faut déverrouiller ce marché du travail", a répété Pierre Gattaz, approuvant le recours aux ordonnances. Il a dit avoir demandé au président de supprimer de façon urgente le dispositif de pénibilité et le prélèvement de l'impôt à la source, qui pèsent sur les entreprises.

Sur le fond, les orientations défendues par Emmanuel Macron conviennent au patronat, même si la CPME et l'U2P réclament des mesures spécifiques pour les petites entreprises. "Nous partageons des convictions mais nous ne sommes pas d’accord sur tout", a résumé Pierre Gattaz. Après une pause pour permettre à Emmanuel Macron de se rendre à l’ambassade de Grande-Bretagne à 14h30 suite à l’attentat de Manchester, les entretiens se sont poursuivis dans l'après-midi.

Ordonnances ratifiées "courant septembre". Le président de la CPME, François Asselin, a affirmé que le chef de l'État lui avait confirmé un calendrier serré avec une "grande concertation" jusqu'à mi-juin, une loi d'habilitation à légiférer par ordonnances "durant l'été", puis une loi de ratification des ordonnances "courant septembre". Alain Griset de l'U2P, François Hommeril de la CFE-CGC et Philippe Louis de la CFTC ont également rencontré Emmanuel Macron en fin de journée.

Réunions avec Édouard Philippe et Muriel Pénicaud

Philippe Martinez et Laurent Berger seront reçus à Matignon lundi prochain. Ils aborderont les modalités de négociation et de mise en œuvre de la réforme du travail avec le Premier ministre Édouard Philippe et la ministre du Travail Muriel Pénicaud. Les autres leaders syndicaux suivront mercredi.