Reconstruction de Notre-Dame : déjà plus de 800 millions d'euros de dons récoltés par les entreprises, les grosses fortunes et les collectivités

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avec le service économie d'Europe 1 , modifié à
Quelques heures après l'incendie qui a détruit une grande partie de Notre-Dame de Paris, les dons venant du secteur économique affluent pour restaurer la cathédrale.

Après l'émotion, place à la reconstruction. L'incendie qui a ravagé la cathédrale Notre-Dame de Paris était à peine éteint mardi matin que déjà les dons affluaient pour préparer la reconstruction à venir de l'édifice. Les particuliers sont invités à se mobiliser via la collecte de la Fondation du patrimoine et la souscription nationale. De leur côté, les entreprises et les grandes fortunes de France apportent des sommes considérables. Mercredi matin, plus de 800 millions d'euros, au minimum, avaient déjà été récoltés.

Des centaines de millions d'euros de dons particuliers

Le premier à s'être manifesté est François-Henri Pinault. Le patron du groupe de luxe Kering a promis dès lundi soir un don de 100 millions, débloqué via la société d'investissement de la famille Pinault, Artemis. "C'est une tragédie qui nous a tous touchés. J'ai vu ma fille de 17 ans pleurer devant les images", a raconté François-Henri Pinault au micro de Nikos Aliagas, mardi matin sur Europe 1. "Cela nous a pris aux tripes avec mon père. On a voulu réagir tout de suite." 

Le milliardaire a été imité quelques heures plus tard par Bernard Arnault. L'homme le plus riche de France, patron du groupe de luxe LVMH, a annoncé un don colossal de 200 millions d'euros au fonds dédié à la reconstruction de Notre-Dame de Paris, "qui fait partie de l'Histoire de France". Ce don sera réalisé conjointement par la famille Arnault et par LVMH, qui se disent "solidaires de cette tragédie nationale". La famille héritière de L'Oréal, les Bettencourt-Meyers, ainsi que le géant mondial des cosmétiques ont, de leur côté, annoncé un don total de 200 millions d'euros, dont 100 millions via la fondation Bettencourt Schueller.

Autre grosse fortune à mettre la main à la poche : Marc Ladreit de Lacharrière. Mécène culturel depuis plusieurs années, le patron de la société Fimalac, va verser 10 millions d'euros au fonds. Selon les informations d'Europe 1, Martin et Olivier Bouygues vont aussi donner 10 millions d'euros à eux deux via leur holding. Par ailleurs, un anonyme a effectué mardi un don de 10 millions d'euros à la Fondation du Patrimoine.

Henry Kravis, co-fondateur du fonds d'investissement américain KKR, et son épouse Marie-Josée Kravis, "attristés par l'incendie", ont annoncé contribuer "dès à présent" à hauteur de 10 millions de dollars (8,85 millions d'euros). C'est le premier don d'ampleur venu de l'étranger. La milliardaire brésilienne Lily Safra a fait un "don important", a également affirmé à l'AFP Stéphane Bern, chargé de la mission du patrimoine, sans dévoiler de montant.

Mécénat de compétences et aide logistique

Les entreprises aussi mettent la main à la pâte pour redonner sa splendeur au joyau parisien. Ainsi va de Vinci : le groupe de BTP va mettre en place un mécénat de compétences. Cette forme de mécénat n'est pas financière mais consiste à "prêter" ses employés, sur leur temps de travail, à des œuvres caritatives. Le savoir-faire de Vinci pourrait notamment s'avérer essentiel si la voûte de Notre-Dame devait être reconstruite en béton. Cela "pourrait s’organiser sous l’égide de la Fondation du patrimoine". Selon les informations d'Europe 1, Bouygues, autre acteur majeur du BTP, va également mettre en place un mécénat de compétence. Par ce biais, l'entreprise avait déjà participé à la rénovation du Musée d'Orsay, de l'aile Richelieu du Louvre et de l'Hôtel de la Marine.

La filière du bois mobilisée. Même logique du côté de Charlois, le premier exploitant de chêne en France. Contactée par Europe 1, l'entreprise affirme avoir "déjà commencé à mettre de côté des chênes de qualité suffisante qui pourraient potentiellement servir à la charpente" de Notre-Dame de Paris. Elle précise que pour ce genre d'ouvrage, il faut des chênes d'au moins 150 ans ! Toute la filière du bois va se mobiliser, a précisé Michel Druilhe, président de l'interprofession France Bois Forêt. Groupama a ainsi annoncé offrir 1.300 chênes qu'il prélèvera dans ses forêts normandes, "pour respecter le travail des Compagnons de l'époque", pour la "reconstruction de la charpente" de la cathédrale.

Dans un autre domaine, Saint-Gobain mettra "à disposition son expertise en matière de rénovation et de matériaux, notamment en matière de restauration de vitraux" dont certains ont explosé. EDF propose de son côté d'apporter son expertise aux services de l'Etat, notamment dans "les réseaux électriques de secours et la sécurisation des chantiers électriques".

Les dons d'entreprise affluent

L'heure est à la mobilisation générale dans le secteur économique. Le géant pétrolier Total, mécène de la Fondation du Patrimoine, lâche un "don spécial" de 100 millions d'euros.  Le géant français de l'affichage publicitaire JCDecaux a lui promis 20 millions d'euros ainsi qu'une "visibilité nationale et internationale" aux appels à la souscription grâce à ses emplacements publicitaires. Dans un communiqué, le groupe Duval, promoteur et concepteur immobilier affirme qu'il "participera à l’effort de reconstruction aux côtés des autorités". 

Le géant informatique français Capgemini s'est dit "solidaire de l'effort national" et a annoncé verser un million d'euros pour contribuer à la reconstruction de la cathédrale. Air France et Michelin ont aussi promis leur aide. La compagnie aérienne assurera "le transport gratuit de tous les acteurs officiels qui participeront à la reconstruction". Elle mettra également en place un système de collecte auprès de ses clients. Le fabricant de pneus financera quant à lui son effort via la Fondation Michelin. Air Liquide a également annoncé son souhait de participer au financement.

Les banques promettent de contribuer. BNP Paribas "sera engagé pour contribuer à la reconstruction de Notre-Dame de Paris" par le biais d'un don. Le groupe BPCE et la Société Générale ont promis chacun 10 millions d'euros et le Crédit Agricole, via sa fondation, a annoncé un don de 5 millions d'euros pour les mesures de sauvegarde d'urgence de Notre-Dame de Paris. Le Crédit Mutuel et CIC ont promis de participer à l'effort de reconstruction, sans préciser pour l'heure de montant.

Le patronat a également réagi : le Medef a appelé les entrepreneurs à participer à la collecte lancée par la Fondation du patrimoine tandis que la Confédération des petites et moyennes entreprises (CPME) "se tient à la disposition des pouvoirs publics pour mobiliser son réseau national d'artisans".

Un soutien de poids est également venu des États-Unis : par un tweet matinal, Tim Cook, le patron d'Apple, a assuré que la firme à la pomme allait "donner pour les efforts de reconstruction afin d'aider à restaurer le précieux héritage de Notre-Dame", sans préciser de somme. 

Footballeurs et jockeys s'engagent. Le monde du sport va également contribuer. "Le foot français se mobilisera financièrement pour aider la reconstruction de Notre-Dame. Nous serons solidaires dans ce drame qui nous touche tous", a ainsi indiqué la président de la Ligue de football professionnel Nathalie Boy de la Tour. Même engouement dans le monde hippique puisque France Galop, Le Trot et le PMU ont décidé de renommer le Prix du Président de la République, qui se tient dimanche à Auteuil, Prix Notre-Dame de Paris. La totalité des revenus, qui se chiffrent en millions d'euros, seront reversés à la souscription nationale.

Les collectivités s'engagent aussi

En plus des entreprises, les collectivités locales sont aussi en train de débloquer des fonds pour restaurer Notre-Dame de Paris. La Ville de Paris va mettre 50 millions d'euros et la région Île-de-France 10 millions. La région Auvergne-Rhône-Alpes, présidée par Laurent Wauquiez, va verser deux millions d'euros et la région Occitanie va proposer 1,5 millions d'euros. Éric Ciotti, conseiller départemental des Alpes-Maritimes, promet de son côté un million d'euros. Même somme pour la ville de Toulouse et le département de Haute-Garonne.

Chacun donne à hauteur de ses moyens. Le Haut-Rhin va proposer, lors du prochain conseil départemental, un don de 100.000 euros. L'Eure promet 50.000 euros et la ville de Cannes va faire un don de 10.000 euros. La région Grand-Est et la ville de Nancy vont aussi débloquer des "aides financières".

Une ville hongroise annonce aussi un don. La ville hongroise de Szeged, dévastée par une inondation il y a plus d'un siècle, a annoncé mardi un don de 10.000 euros pour aider à la reconstruction de la cathédrale Notre-Dame de Paris, rappelant l'aide qu'elle avait elle-même reçue de la capitale française pour se relever. La municipalité de cette ville de 160.000 habitants, troisième plus grande commune de Hongrie, indique également collecter les dons de particuliers pour la reconstruction de la cathédrale parisienne ravagée par les flammes dans la nuit de lundi à mardi.

En Côte d'Ivoire, c'est le roi de Krindjabo, capitale du royaume de Sanwi dans le sud-est du pays, qui a promis un "don" pour la reconstruction, sans préciser de montant. Un prince de son royaume avait été baptisé dans la cathédrale dans les années 1700.