Qui gagne quoi sur un paquet de cigarettes ?

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CONSO - Répartition de la valeur, paquet neutre, fiscalité : les réformes en préparation irritent les buralistes. Mais combien gagnent-ils réellement sur un paquet vendu ?

Les buralistes organisent leur congrès national jeudi et vendredi à Paris et l’ambiance s’annonce houleuse. Ces derniers sont en effet catégoriquement opposés à l’instauration du paquet neutre et redoutent une nouvelle hausse de la fiscalité, sans oublier l’essor du tabac de contrebande. Pour les amadouer, un rapport parlementaire préconise de modifier la part qui revient à chacun sur les 7 euros que coûte en moyenne un paquet de cigarettes. Mais au fait, quelle est la part qui revient au buraliste ?

Combien coûte la fabrication d’un paquet ? Le chiffre risque de donner le tournis aux fumeurs : alors qu’un paquet de cigarettes est vendu entre 6,50 et 7 euros, il ne coûte en moyenne que 12 centimes à fabriquer, selon le député PS Frédérik Barbier, qui doit rendre la semaine prochaine un rapport sur l’avenir des buralistes. Le transport et le marketing coûtent à peu près autant, ce qui laisse aux cigarettiers une marge allant de 55 à 70 centimes d'euros par paquet.

Un buraliste gagne 60 centimes par paquet. Vendu environ 80 centimes d’euro par l’industrie du tabac, le paquet voit son prix bondir à cause de la fiscalité : l’Etat touche en moyenne 80,05% du prix final d’un paquet. Ce qui laisse au buraliste 8,5% du prix final, soit 60 centimes en moyenne. 

Non seulement les buralistes sont ceux qui gagnent le moins d’argent sur un paquet de cigarettes, mais en plus le contexte ne joue pas en leur faveur : les Français fument moins, certains se sont tournés vers la cigarette électronique et la hausse continue de la fiscalité (voir ci-dessous) a fait exploser le trafic frontalier. On estime aujourd'hui qu’un paquet sur quatre n’est pas acheté chez un buraliste. Résultat, "on a perdu 6.000 bureaux de tabac en 10 ans, 1.040 bureaux de tabac ont fermé en 2014, et plus de 970 ont fermé entre janvier et septembre", précise le député du Doubs.

Autant dire que l’instauration du paquet neutre, défendue par la ministre de la Santé Marisol Touraine, est considérée comme la goutte qui fait déborder le vase, surtout qu’une nouvelle hausse de la fiscalité a été envisagée à plusieurs reprises.

Le rapport Barbier préconise donc un coup de pouce à la profession, en proposant d’inverser la répartition de la valeur entre buralistes et cigarettiers : leur part pourrait passer de 8,5% à 11% sur le prix final d’un paquet. Pour le député, "il faut donc soutenir l'activité du buraliste car c'est la seule garantie que l'on ait que le tabac est vendu dans des conditions légales. Partout où un buraliste disparaît c'est le marché parallèle qui prend le relais", ajoute-t-il.