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Yohann Tritz , modifié à
Conflit en Ukraine, hausse des prix de l’énergie, des matières premiers, inflation… Les entreprises françaises sont malmenées en 2022. Pour couronner le tout, les sociétés vont devoir au mois de juin rembourser le prêt garanti par l’État contracté pendant le Covid-19 pour se maintenir à flot.

En France, le secteur industriel est touché de plein fouet par la guerre en Ukraine. Déjà en difficulté avec le Covid pendant deux ans, les entreprises sont aujourd’hui dans le rouge. En plus, il va falloir commencer à rembourser, à partir du mois de juin, les prêts garantis par l’État contractés pendant la crise sanitaire.

Car au mois de juin, les entreprises vont devoir rembourser, en une seule fois, au moins un sixième des sommes empruntées pendant le Covid. Un prêt garanti par l’État qu’a contracté Patrick Bellity, patron de Sifa Fonderie à Orléans. Le remboursement du PGE mettrait, à terme, sa société en péril si la situation ne change pas : "Lorsque le PGE s’est mis en place, on s’est dit : 'Chouette, on va pouvoir passer cette période sereinement. Ensuite quand ça redémarrera on va se refaire.' En fait rien de tout ça, la situation est pire. On subit crise sur crise, et maintenant il faut rembourser le PGE. On va le rembourser une fois, et puis la situation est la même pendant des mois, des mois et encore des mois. On n'aura bientôt plus de trésorerie."

De plus en plus de défaillance d’entreprise en France

Le patron de cette usine est obligé de recourir au chômage partiel. Son activité est diminuée depuis la guerre en Ukraine, une nouvelle fois après le Covid. Mais il ne veut pas se montrer trop alarmiste : "En 40 ans de carrière, je n’ai jamais connu ça. Mais on travaille pour sauver notre entreprise."

Le président de Sifa Fonderie espère que le plan de résilience mis en place par l’État en mars dernier va avoir des effets. Au premier trimestre 2022, le nombre de défaillances d’entreprise a augmenté de 35% par rapport à l’an passé à la même période. Un chiffre en hausse, car le coup de pouce de l’État s’essouffle. Mais pour l’instant, le niveau de défaillance n’est pas revenu à son niveau de 2019 et reste bien en dessous.

Une perte de 15 à 20 milliards d’euros pour l’État

L’État a plutôt intérêt à ce que les entreprises restent solvables. Les sociétés en incapacité de payer pourraient faire perdre gros à l’État, comme l'explique Christian Saint-Etienne, économiste spécialiste de l’industrie : "Il y a un tiers des entreprises qui ont pris le prêt pendant le Covid et qui l’ont contracté pour éviter de couler. C’est pour elles que c’est problématique. Sur les 190 milliards d’euros de prêt contracté auprès de la banque, et donc assuré à 90% par l’État ensuite, on estime qu’il y aura une perte entre 15 et 20 milliards." 

Un trou énorme dans les caisses de l’État. Mais des solutions sont mises en place pour permettre aux entreprises de s’en sortir. Elles peuvent notamment demander au médiateur du crédit au cas par cas ou d'étaler leur remboursement sur dix ans. Mais pour le moment, très peu de dossiers ont été déposés.