Prélèvement à la source : faut-il craindre une baisse de la consommation ?

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Aurélien Fleurot, édité par Romain David
La baisse de salaire induite par la mise en place du prélèvement à la source pourrait nourrir chez certains contribuables un sentiment d’appauvrissement, propice à limiter leur consommation.

Le prélèvement à la source est officiellement entré en vigueur mardi 1er janvier pour la très grande majorité des contribuables (les salariés des particuliers employeurs devront encore attendre un an). La réforme, qui va concrètement se manifester par une baisse du chiffre sur les fiches de paie, peut-elle avoir un effet sur la consommation des ménages ? À ce stade, il est encore impossible de trancher mais plusieurs évolutions sont envisagées par les économistes.

Un effet globalement positif. Pour le Conseil d'Analyse Économique, si impact il y a, il sera plutôt positif : le sentiment de percevoir un salaire net, après impôt, aurait un aspect rassurant et inciterait à épargner un peu moins et donc, à consommer un peu plus. Mais ce qui est impossible à anticiper, c'est le facteur psychologique.

Une fausse impression de paupérisation. Il pourrait ainsi y avoir deux effets plutôt négatifs sur le comportement des ménages. D'abord, l'incertitude quant à la mise en place de la réforme pourrait pousser à l'épargne, notamment pour ceux qui sont concernés par les crédits d'impôts. Et puis, selon les psychologues qui travaillent sur les comportements de consommation, il risque d'y avoir l'impression que l'on touchera moins chaque mois, ce qui pourrait nourrir un sentiment de précarisation.

"Nous risquons de vivre plus mal la réduction des recettes que la dépense de l'impôt. […] D'un strict point de vue psychologique, on peut imaginer que ça va donner un sentiment d'appauvrissement à un certain nombre de ménages, ce qui va les pousser à consommer moins", avance l'économiste Philippe Moati.

Ce dernier n'imagine pas pour autant un effet profond et durable comme lors du passage à l'euro. L'économiste rappelle ainsi qu'avec le prélèvement à la source, nous paierons nos impôts sur ce que l'on gagne vraiment. La mesure devrait donc rendre moins douloureuse une forte perte de revenus d'une année sur l'autre, comme par exemple l'année qui suit un départ à la retraite.