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Thibaud Hue , modifié à
Alors que les besoins en lithium, principaux composants de nos batteries de téléphone et de nos voitures électriques, explosent, la France vise l’autonomie de sa production pour diminuer l’importation de ce métal. Le Bureau de recherches géologiques et minières planche sur ce défi depuis 15 ans et obtient de premières réponses.

Les besoins en lithium devraient être critiques d’ici 2030. Pour fabriquer des batteries pour les téléphones et les voitures électriques, la France importe aujourd’hui presque la totalité de ce métal, d’abord depuis l’Australie et l’Amérique du Sud avant d’être transformé en Chine. Cependant, les besoins en lithium sont croissants et la France devient toujours plus dépendante de ses importations. L’enjeu d’une production française se fait donc pressante. Les études avancent avec l’espoir d’une autonomie.

Du lithium dans la roche et dans des eaux chaudes

Fabriquer des batteries françaises avec du lithium français, cela sera-t-il bientôt possible ? La première bonne nouvelle, c’est que l’on trouve ce métal en grande quantité dans notre sol. "On dispose de ressources de lithium dans des eaux chaudes géothermales situées à Soultz-sous-Forêts dans le Bas-Rhin, mais aussi dans des roches du Massif central", explique Romain Millot, géochimiste pour le Bureau de recherches géologiques et minières qui explore nos réserves en lithium depuis plus de 15 ans.

Le lithium contenu dans la roche se distingue comme la ressource la plus prolifique sur notre territoire. Elle se situe principalement dans du granit exploité dans une carrière située près de Limoges, sur les premiers contreforts géologiques du Massif central. Dans une tonne de cette roche, 20 à 50 kg de lithium sont récupérables. Une quantité suffisante pour produire deux batteries de voitures électriques et qui prouve la viabilité d’une exploitation à plus grande échelle.

La perspective de "centaines de milliers d’emplois"

Seule difficulté, l'extraction qui est encore très complexe. "Il faut concasser la roche, la dissoudre. Tout cela nécessite de la recherche, de l'innovation et de la validation. Tout cela dans le respect des règles environnementales le plus strict possible", précise le géochimiste. Toutes ces techniques sont encore en phase de test et pour espérer exploiter rapidement du lithium français à l'échelle industrielle dans des carrières, il faut accélérer la recherche.

Il ajoute : "On pourrait être quasi autosuffisants, mais il va falloir être réactif dans les années à venir. On parle de plusieurs centaines de milliers d'emplois. Il y a de forts enjeux économiques pour la France sur ce sujet." Ce nouveau marché attire déjà l'attention d'entrepreneurs qui examinent le terrain, demandent des permis d’exploration. Le géochimiste est formel : nos besoins en lithium vont être multipliés par 30, voire 40 d'ici dix ans.