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Barthelemy Philippe / Crédits photo : Frédéric Cirou / AltoPress / PhotoAlto via AFP , modifié à
C'est une mesure phare du plan santé, récemment annoncée par Gabriel Attal : une "amende" de 5 euros versée par le patient qui sèche son rendez-vous chez le médecin sans prévenir au moins 24 heures à l’avance. Une mesure qui vise à libérer des créneaux médicaux sauf que c’est bien l’inverse qui pourrait se produire. On fait le point.

La taxe lapin, facteur d’augmentation des lapins ? Selon une note du chef économiste du cabinet Asterès, Sylvain Bersinger, une expérimentation menée dans une crèche israélienne a démontré que les incitations monétaires sont parfois contre-productives. Intuitivement, chacun pense qu’une amende, même d’un montant symbolique de 5 euros, "agit comme une incitation à la ponctualité et à l’exactitude", souligne la note. Pour éviter la pénalité, on annule son rendez-vous à temps, où l’on fait en sorte d’honorer son rendez-vous.

"Contre toute attente, cette amende a augmenté les retards de parents"

Sauf que la crèche, qui avait mis en place une amende équivalente à la taxe lapin pour mettre fin aux retards parentaux gênant l’organisation du personnel, a vite déchanté. "Contre toute attente, cette amende a augmenté les retards de parents", détaille la note.

"Les individus ne réagissent pas qu’aux incitations monétaires, il y a aussi des incitations morales. Avant l’amende, quand les parents étaient en retard, ils étaient un peu gênés vis-à-vis du personnel de la crèche. Quand il y a eu cette amende, ils se sont dit : 'je paye l’amende, donc je paye le droit d’être en retard’ et les remords disparaissaient. Payer 5 euros, c’est un peu une option d’annulation de dernière minute", décrypte Sylvain Bersinger. 

Pour fonctionner, la taxe lapin devra être beaucoup plus chère

La taxe lapin pourrait-elle connaître le même sort, en accroissant les retards de dernière minute ? "C’est loin d’être exclu", affirme l’économiste. Et pour cause, le montant n’est pas suffisamment dissuasif. En revanche, "avec une amende très élevée, mettons 500 euros par exemple, l’incitation monétaire serait telle que les patients honoreraient scrupuleusement leurs rendez-vous". 

Sans aller jusque-là, le Docteur Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML), estime que "le montant défini par le gouvernement est trop symbolique". Pour le praticien, "la taxe doit être égale au montant de la consultation (26,50 euros) pour être vraiment efficace".

Souvent accusée de favoriser les rendez-vous manqués, la plateforme Doctolib a calculé l’ampleur du phénomène en se basant sur ses données de réservation. En fonction des spécialités, les lapins représentent 3 à 6 rendez-vous sur 100.