Jérôme Wirotius 1:56
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Gauthier Delomez
Invité de l'émission "La France bouge" ce mardi, le directeur général des laboratoires Biogaran Jérôme Wirotius fait le point sur les tensions d'approvisionnement en médicaments dans les pharmacies, dont l'amoxicilline. Le patron propose une solution pour réapprovisionner les officines, et estime qu'il faudrait augmenter le prix des médicaments.

Confrontés à une hausse de la demande en médicaments, les pharmaciens doivent faire face à des tensions sur certains approvisionnements, notamment concernant l'amoxicilline. Pour les aider, Jérôme Wirotius, directeur général des laboratoires Biogaran, propose de renforcer les stocks des officines. Invité mardi de l'émission La France bouge, celui-ci a demandé "expressément" à l'Agence du médicament et au ministère de la Santé d'utiliser le stock de sécurité dont il dispose pour livrer les pharmacies.

"Cela éviterait les sentiments de panique et des angoisses parce qu'il y a la possibilité de faire face à cette situation", ajoute-t-il au micro d'Elisabeth Assayag.

Augmentation "historique" de la consommation d'amoxicilline

Dressant un parallèle avec la pénurie de carburants d'octobre dernier, Jérôme Wirotius précise qu'il souhaite faire évoluer les dispositifs pour qu'un stock tampon, que possède le laboratoire, "puisse être mis à disposition en cas d'urgence dans certaines pharmacies, au plus près des patients". Le directeur général souligne qu'aujourd'hui, "les quotas sont à 50% sur l'amoxicilline" et que Biogaran, comme d'autres laboratoires, doit passer par des grossistes pour approvisionner les officines.

Le patron détaille dans La France bouge que la consommation d'amoxicilline a progressé de 33% sur 12 mois en 2022, et que le laboratoire avance une augmentation de 51% des ventes. "Un pic historique", relève Jérôme Wirotius, dû notamment à la triple épidémie.

Un flacon "à 1,10 ou 1,20 euro" au lieu de 76 centimes

Il y a aussi une question de coût, remarque le directeur général de Biogaran qui tire la sonnette d'alarme au micro d'Europe 1. Par exemple, un flacon d'amoxicilline pédiatrique revient à 76 centimes d'euros. Jérôme Wirotius se désole de devoir baisser les prix de ses produits tous les ans, encore plus dans une période d'inflation, et regrette l'application d'une taxe de l'État sur les médicaments génériques. En fin de compte, le patron de Biogaran alerte sur une production à perte.

Selon lui, les tarifs fixés par les autorités sanitaires sont trop faibles. Le directeur général dit avoir travaillé sur une liste de 160 médicaments, auprès des ministères de l'Économie et de la Santé. "Ce sont des produits majoritairement fabriqués en France, d'intérêt thérapeutique majeur et donc indispensable", indique-t-il, estimant qu'il faudrait par exemple rehausser le prix du flacon d'amoxicilline de 76 centimes "à 1,10-1,20 euro". "Aujourd'hui, nous perdons 20 centimes à chaque fois que nous vendons de l'amoxicilline pédiatrique. (...) Il faut être capable d'accompagner l'inflation sur les coûts de fabrication sinon, on va délocaliser", met-il en garde sur Europe 1.